La fin des coupons-rabais sur les bouteilles de cidres de glace a causé une baisse des ventes de 20% l'an dernier à la Société des alcools du Québec (SAQ). C'est un premier recul en cinq ans pour cette industrie.

Le président de l'Association des cidriculteurs du Québec (CAQ), Stéphane Petit, n'est pas étonné par cette baisse des ventes. Selon lui, elles étaient gonflées artificiellement par la distribution de coupons-rabais. Les ventes annuelles de cidre de glace avaient augmenté de 7 à 9 millions de dollars en quatre ans. Elles sont aujourd'hui au même niveau qu'en 2006.«Soit on laissait aller le cidre de glace vers un marché plus bas de gamme. Soit on recréait une notoriété autour du produit, explique M. Petit. C'est ce que l'on a choisi. On aime mieux en vendre moins, mais en conserver la valeur.»

C'est le président de la Face cachée de la pomme,François Pouliot, qui a proposé la fin des coupons-rabais il y a deux ans. Il juge que plusieurs cidriculteurs en ont abusé.«En juillet 2010, il y avait un producteur qui avait un coupon de 7$ sur ses bouteilles, raconte l'homme d'affaires. En plus, il y avait un rabais circulaire de la SAQ de 7$. Ça veut dire que sur une bouteille de 24,95$, il y avait 14$ de rabais. Ça n'avait aucun bon sens. C'était ridicule.»François Pouliot affirme que les consommateurs achetaient les cidres de glace non pas pour leur goût, mais plutôt pour leurs escomptes.

On pouvait constater cette tendance dans les rapports de vente mensuels.Ces rabais étaient défrayés à parts égales par la SAQ et par les producteurs. Ils ont décidé d'investir cet argent dans la promotion et dans les dégustations de leurs produits. On peut d'ailleurs remarquer de nouvelles bannières annonçant le cidre de glace dans plusieurs succursales du monopole d'État.
Le président du CAQ croit que d'ici deux ou trois ans les ventes de cidre de glace auront rattrapé ce recul de 20%. Il espère même qu'elles seront supérieures au record établi à 9 millions de dollars en 2009.Pendant ce temps, le cidre de pommes connaît toujours autant de succès dans la Belle Province. Il s'est vendu pour plus de 14 millions de dollars de cidre québécois l'an dernier sur les tablettes du monopole d'État. C'est sept fois plus qu'il y a huit ans.

Tension chez les producteurs

Depuis deux ans, une nouvelle réglementation oblige les cidriculteurs à presser les pommes à la ferme. Cette règle ne fait pas l'unanimité. Elle a forcé quelques entreprises à se procurer un pressoir et elle a mené à plusieurs conflits au sein de l'association.François Pouliot dit être en pourparlers avec le bureau du ministre du développement économique pour faire abolir cette règle. Il espère qu'une fois ce conflit réglé, les producteurs pourront unir leurs forces pour développer les ventes de cidre de glace à l'international.