Le marché du vin s'internationalise: il y a 15 ans, 25% du vin consommé dans le monde était exporté. Aujourd'hui, cette part a gonflé à 43%, selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).

«Grâce à une croissance régulière des exportations en volume, le marché international du vin progresse chaque année» a souligné mardi devant la presse Jean-Marie Aurand, le directeur général de l'OIV, basée à Paris.

Les raisons sont liées aux changements de modes de consommation, plus occasionnels, plus festifs, et plus ouverts sur le monde, et au fait que la planète compte aussi de plus en plus de pays viticoles, selon Jacques-Olivier Pesme, directeur de la Wine and Spirit Academy de l'École de commerce Kedge à Bordeaux.

Avec plus de 3000 appellations contrôlées dans le monde, plusieurs centaines de vins de cépages, vins d'assemblages ou de marques, le marché est d'une «variété extrême», a indiqué M. Aurand, d'autant que des vignobles nouveaux sont apparus dans des zones inattendues comme le Vietnam ou le Cambodge.

Ainsi, en 2017, on recense un peu plus de 100 pays producteurs, «contre 35 environ dans les années 80», selon M. Pesme.

Pourtant en surfaces de vigne, les chiffres mondiaux restent stables selon le bilan de l'OIV, avec quelques 7,5 millions d'hectares. Cinq pays se partagent la moitié du vignoble mondial: Espagne, Chine, France, Italie et Turquie.

Les évolutions sont contrastées: en Chine, qui a dépassé la France depuis deux ans en termes de surfaces, les vignobles ont continué de progresser en 2016 (+17 000 hectares), alors que la Turquie, qui produit plus de raisins secs que de vin, a réduit d'autant (-17 000 hectares) ses surfaces.

Spéculatif

Sur l'aspect marché, à l'exception de 2008 et 2009, où les ventes mondiales de vin ont stagné après la crise financière, les échanges mondiaux sont en croissance régulière depuis 2000 en valeur, à 29 milliards d'euros en 2016 contre 12 milliards en 2000. «Soit l'équivalent de 400 avions A320», selon un calcul de M. Aurand.

Comme tout marché qui se globalise, il se segmente aussi, et le marché des vins «iconiques», produits d'exception, a tendance à devenir «spéculatif» sur des volumes représentant moins de 1% des vins produits, a souligné M. Pesme.

Per effet domino, les «2e vins» des premiers grands crus classés (Carruades de Laffite, Petit Mouton de Mouton Rotschild ou Pavillon Rouge de Château Margaux) sont aussi devenus des vins spéculatifs difficiles d'accès, alors qu'ils ne valaient «pas grand-chose» il y a 25 ans, ajoute-t-il.

Le succès des exportations est tel que certains producteurs ont du mal à suivre, notamment cette année en France, après la mauvaise récolte de 2016 due aux intempéries.

«C'est de la folie, la demande à l'export, nous ne pouvons plus nous permettre de faire une petite année de récolte», commente pour l'AFP, Stéphane Aufrère, vigneron à côté de Chablis, en Bourgogne.

Au rayon des exportations mondiales, la part des vins en bouteille se stabilise depuis quatre ans, autour de 54% du total (55 millions d'hectolitres), la part des vins en vrac est en légère diminution à 38,3 millions d'hectolitres, et celle des vins effervescents (Champagne, Prosecco..) ne cesse de pétiller (+7% par rapport à 2015 à 7,9 millions d'hectolitres).

Au palmarès des pays exportateurs, l'ordre du trio de tête Espagne-Italie-France pour les volumes, devient France-Italie-Espagne en valeur.

Au classement des pays importateurs, l'Allemagne est au premier rang (14,5 millions d'hectolitres), suivie du Royaume-Uni (13,5 millions d'hectolitres) et des États-Unis (11,2 M hl).

La Chine est le cinquième importateur en volume et quatrième en valeur.

Dans ce pays, où les surfaces viticoles, la production et la consommation progressent, l'augmentation des importations est la plus importante aussi (+45%), à 6,4 millions d'hectolitres.