La Haute autorité de santé a protesté contre une campagne publicitaire de la filière viticole qui fait passer pour une consommation «acceptable» ce qui relève en fait d'une prise en charge médicale.

Cette campagne publicitaire de Vin et société, une association représentant les producteurs et négociants viticoles, «détourne un outil médical de lutte contre les dangers de l'alcool», s'indigne la Haute autorité de santé (HAS) dans un communiqué.

Cette campagne dit s'appuyer sur les recommandations du Plan national nutrition santé (PNNS) 2011-2015, soit une consommation maximale de deux verres par jour pour les femmes (hors grossesse) et de trois verres par jour pour les hommes.

Vin et société promeut aussi dans cette campagne une consommation limitée à quatre verres «en une seule occasion» et l'abstinence «un jour par semaine», en arguant que ces «conseils» figurent dans un rapport de la HAS de 2014.

La HAS précise qu'elle a bien «publié en 2014 un outil de repérage des consommations à risque pour l'alcool (...)» pour les professionnels de santé.

Mais «les seuils mentionnés», souligne-t-elle, «sont ceux qui nécessitent de déclencher une intervention médicale» et «il ne s'agit en aucune façon de dire qu'en dessous de ces seuils, la consommation serait normale, recommandée ou exempte de risque.»

La campagne de Vin et société transforme des seuils de consommation à risque nécessitant une prise en charge médicale en «repères» pour une consommation «acceptable» d'alcool, proteste encore la HAS.

Les seuils mis en avant sont «des seuils d'alerte, au-dessus desquels les risques sont avérés: dommages physiques (complications hépatiques, cardio-vasculaires et neuropsychiatriques, cancers), psychiques ou sociaux», insiste-t-elle.

Selon l'institut du cancer (INCa), les études scientifiques montrent une augmentation du risque de cancer dès une consommation moyenne d'un verre par jour. L'augmentation du risque est proportionnelle à la quantité d'alcool consommée, ajoute l'INCa sur son site précisant que «toute consommation régulière d'alcool est à risque».

Le Pr Serge Hercberg, président du Plan national nutrition santé (PNNS), note de son côté que les «repères» du PNNS cités dans cette campagne publicitaire sont complètement «obsolètes» et datent du début des années 2000. Le risque de cancer existe même avec un apport d'alcool faible, souligne-t-il.