Les traditions viticoles de la Champagne et de la Bourgogne ont été distinguées samedi par l'UNESCO qui a décidé de leur entrée au Patrimoine mondial de l'Humanité, une bonne nouvelle pour le tourisme dans ces régions françaises.

Réuni à Bonn, en Allemagne, le comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture s'est prononcé en faveur de l'inscription des «coteaux, maisons et caves de Champagne», ainsi que des «climats» du vignoble de Bourgogne.

Les coteaux, maisons et caves de Champagne correspondent aux «lieux où fut développée la méthode d'élaboration des vins effervescents, grâce à la seconde fermentation en bouteille, depuis ses débuts au XVIIe siècle jusqu'à son industrialisation précoce au XIXe siècle», explique l'UNESCO.

Cette inscription concerne précisément trois sites: l'avenue de Champagne à Épernay, où sont alignées les prestigieuses maisons de négociants surplombant des kilomètres de caves où vieillissent des millions de bouteilles, la colline Saint-Nicaise à Reims, dont les sous-sols recèlent les immenses crayères antiques ou médiévales utilisées comme espace de vinification et de stockage. Et enfin les coteaux historiques autour d'Épernay, notamment ceux du village d'Hautvillers qui domine la Marne et dont la célèbre abbaye abrita le moine Dom Pérignon qui selon la légende inventa la seconde fermentation propre au champagne.

Ces trois ensembles reflètent «la totalité du processus de production de champagne», considère l'UNESCO.

Les «climats» du vignoble de Bourgogne sont eux «des parcelles de vignes précisément délimitées sur les pentes de la côte de Nuits et de Beaune, au sud de Dijon», précise l'organisation. Ces parcelles donnent chacune un caractère unique au vin, en fonction de la nature du sol, l'ensoleillement, l'exposition au vent ou encore le travail de l'homme.

Ce «paysage culturel», selon la catégorie attribuée dans le patrimoine de l'UNESCO, «est composé de deux éléments: le premier couvre des parcelles viticoles, les unités de production associées, des villages et la ville de Beaune». «La seconde composante est le centre historique de Dijon qui matérialise l'impulsion politique donnée à la formation du système des climats», poursuit l'UNESCO, évoquant un «exemple remarquable de production viti-vinicole développé depuis le haut Moyen Âge».

Cette région produit les vins parmi les plus prestigieux --et les plus chers-- au monde comme la Romanée-Conti, la Vosne-Romanée ou encore le Montrachet.

Inscription presque par acclamation

Initiées toutes les deux en 2006, les candidatures champenoise et bourguignonne étaient les seuls dossiers français examinés cette année par le comité de l'UNESCO.

Philippe Lalliot, ambassadeur et représentant permanent de la France auprès de l'UNESCO, a déclaré à un correspondant de l'AFP à Bonn que c'est presque une inscription par acclamation».

Pierre Cheval, vigneron, président de l'association Paysages du Champagne, porteuse de la candidature champenoise, s'est lui réjoui d'un «éclairage massif sur nos territoires viticoles», tandis que, dans un communiqué, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne a fait part de son «immense fierté».

Pour Aubert de Vilaine, président de la candidature des Climats de Bourgogne, «Il y a toujours eu des synergies entre nos deux régions (...) Et nous partageons des cépages historiques. C'est une bonne chose que nos deux dossiers aboutissent en même temps».

Le président français François Hollande a déclaré dans un communiqué que cette décision «marque la reconnaissance internationale du patrimoine exceptionnel de ces régions et témoigne de la diversité et du dynamisme de nos territoires, qui sont la richesse de notre pays».

Sa ministre de la Culture, Fleur Pellerin a affirmé que ces inscriptions sont une «consécration amplement méritée pour ces deux régions, qui ont su préserver et mettre en valeur un patrimoine culturel et naturel universel».

Une consécration qui pourrait surtout se traduire par un afflux supplémentaire de touristes en Champagne et en Bourgogne. Selon les estimations, ces inscriptions au Patrimoine mondial de l'UNESCO, en gonflant la renommée internationale, pourraient générer une augmentation de la fréquentation touristique de l'ordre de 20 %.

La France compte désormais 41 «biens» reconnus au Patrimoine mondial de l'UNESCO.