Les étrangers sont propriétaires de 2% du vignoble français mais avec la crise économique, une parité défavorable et le «french bashing», les achats se sont tassés entre 2011 et 2015, sauf dans le Bordelais grâce aux investissements chinois jusqu'en 2014, selon une étude du réseau Vinea.

Bordeaux et l'arc méditerranéen concentrent 90% des investissements étrangers - 41% dans la région bordelaise (193 domaines), 18% dans le Languedoc-Roussillon (84 domaines), 13% en Provence (62 domaines), 11% en Vallée du Rhône et 7% dans le Sud-Ouest, selon l'étude réalisée par le réseau spécialisé dans la transaction de domaines viticoles.

Les acquisitions entre 2011 et 2015 «sont à la hausse» avec plus de 120 contre près de 80 entre 2006 et 2010 «mais si on retire les Chinois, elles sont à la baisse» avec moins d'une quarantaine contre plus de 70 entre 2006 et 2010, souligne Michel Veyrier, gérant-fondateur du réseau Vinea dont l'étude a porté sur 80% du vignoble français, soit 600 000 hectares.

Les Britanniques (22%) arrivent en tête d'un noyau dur de sept nationalités investissant dans la vigne en France.

Ils sont suivis de près par les Chinois (21%, quasi exclusivement dans la région de Bordeaux) puis par les Belges (17%), les Suisses (9%), les Américains (6%), les Allemands (6%) et les Néerlandais (6%).

Dans toutes les régions, l'engouement des étrangers pour la vigne a atteint des sommets entre 2000 et 2010, ils représentaient alors jusqu'à 40% des transactions contre 10% actuellement, indique Vinea.

Mais depuis cinq ans, la succession des crises a provoqué un tassement des achats.

Seule la région bordelaise a tiré son épingle du jeu, grâce à l'arrivée en 2006 des investisseurs chinois portés par le boom de la consommation de vin en Chine.

Plus de 10 millions l'hectare 

Dans tous les cas, les investisseurs ont tendance à privilégier des appellations à image et propices aux exportations vers leur pays d'origine, souligne Vinea en notant que «l'inclination au panurgisme est très marquée». «Les investisseurs étrangers sont très sensibles à la présence de compatriotes dans le vignoble, qui les rassure et les sécurise».

C'est en Provence, que le taux de pénétration des étrangers est le plus important avec près de 5%.

En Vallée du Rhône, l'AOC «Ventoux» enregistre un certain succès auprès des étrangers. Sa réputation a dépassé les frontières de l'hexagone grâce...au Tour de France et la célèbre ascension du Mont Ventoux, explique Michel Veyrier, gérant-fondateur de Vinea.

Dans le Sud-Ouest, c'est la tendance «hobby vineyards» qui domine, avec une forte présence de Britanniques en quête d'un art de vivre avec gîtes et potentiel oenotouristique.

En Bourgogne, la pénétration est très limitée et seules 31 transactions représentant 380 hectares ont été répertoriées par Vinea.

Les domaines font moins de 5 hectares en Côte de Nuits et Côte de Beaune, où le prix de l'hectare peut dépasser les 10 millions d'euros (13,8 millions de dollars), ce qui en fait les vignes les plus chères de France, souligne le réseau.

Le Val de Loire, avec 3% d'investisseurs étrangers, arrivent en queue de peloton faute d'appellations à très forte notoriété internationale.

Dans un contexte économique moins porteur depuis 5 ans «avec un véritable arrêt sur les deux dernières années», les acquéreurs chinois ont été le «seul foyer de dynamisme» après 2010, selon Vinea.

Mais après un début de marché «euphorique», certains propriétaires chinois «commencent à réfléchir à revendre», souligne Geoffroy Braichotte consultant de Vinea dans la région bordelaise estimant qu'«ils prennent conscience de la difficulté d'une gestion à distance».

Pour Vinea, si le ralentissement des achats étrangers est significatif sur les dernières années, «le volume global des transactions de domaines viticoles ne diminue pas car on assiste à un retour des investisseurs français, le plus souvent des vignerons et négociants soucieux de sécuriser leurs approvisionnements».