Symbole de fête et de contrats florissants, le champagne est boudé par l'Hexagone à la croissance en berne, mais prospère hors de nos frontières en réalisant pour la troisième année consécutive plus de la moitié de son chiffre d'affaires à l'exportation.

«Le champagne est le vin de la célébration, il y a une corrélation entre la santé économique d'un pays et sa consommation de champagne» estime Thibaut le Mailloux, porte-parole du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC).

Premier marché historique d'exportation, le Royaume-Uni dont le PIB a progressé de 2,6% en 2014 retrouve son goût pour le champagne après trois années consécutives de repli. Les Britanniques ont importé en 2014 32,67 millions de bouteilles, soit une hausse de 6,1% en volume (par rapport à 2013) et de 6,7% en valeur.

«Dans les marchés matures comme le Royaume-Uni, la croissance des volumes aura toujours des limites en revanche nous recherchons à mieux valoriser le champagne par les cuvées de prestige, les millésimes ou les rosés qui renforcent son image de vin d'exception parmi les effervescents», souligne-t-il.

À l'image de l'Angleterre, les exportations dans l'ensemble de l'Union européenne renouent avec la croissance après deux mauvaises années (-7,1% en 2012 et -2,2% en 2013) avec une progression de 4,4% du volume, mais de 7% du chiffre d'affaires grâce aux cuvées d'exception comme les millésimes (+27% en volume) de plus en plus prisés notamment en Europe du Nord.

Les Pays-Bas enregistrent la plus forte progression dans l'UE (+20,6% au 11e rang des exportations) devant l'Espagne (+11,6% au 9e rang) et l'Italie (+8,1% au 7e rang) qui reprend goût aux bulles champenoises après deux années de baisse.

Relais de croissance dans les pays émergents

Selon le CIVC, les expéditions vers les pays tiers (hors UE) en constante progression depuis 2009 battent de nouveau des records,  en hausse de 6,3% en volume et 8,5% en valeur avec 66,9 millions de bouteilles expédiées pour 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Les cuvées de prestige s'y vendent de mieux en mieux (+6,5% en volume et +14,3% en valeur) notamment dans les trois premiers marchés de grand export, les États-Unis, le Japon et l'Australie qui en dix ans, a triplé sa consommation de champagne toutes cuvées confondues.

Les pays émergents confirment leur statut de relais de croissance comme le Brésil qui franchit le seuil du million de bouteilles en hausse de 10,2%, ou encore l'Afrique du Sud (+22,3% avec 684.696 bouteilles) en constante progression de plus de 10% par an depuis 2004.

«Les lieux d'affaires et de tourisme international de luxe comme les Émirats Arabes Unis ou Hong-Kong affichent de fortes croissances avec des records absolus de consommation de cuvées très valorisées», se réjouit M. Le Mailloux.

Seul bémol de taille dans cette effervescence, le marché français qui poursuit sa décroissance régulière depuis 2011 avec 162,3 millions de bouteilles expédiées en recul de 3% par rapport à 2013 pour un chiffre d'affaires de 2,1 milliards d'euros (-2,1%).

Selon les professionnels du champagne, «le contexte économique morose qui perdure impacte nettement et durablement les résultats de tous les opérateurs, maisons, coopératives et surtout des vignerons qui sont les plus dépendants du marché national».

En 2014, la Champagne a expédié 307,1 millions de bouteilles soit 31,6 millions de moins que l'année record de 2008, mais atteint le deuxième plus haut chiffre d'affaires de son histoire avec 4,5 milliards d'euros (contre 4,56 en 2008).