Inattendu dans un État qui proscrit la consommation d'alcool: les exportations de grands crus vers les Émirats arabes unis décollent pour approcher les 100 millions d'euros (plus de 148 millions de dollars), indique lundi un site d'investissements spécialisé dans le vin.

Selon Patriwine, qui cible les grands crus classés bordelais, «les Émirats vont dépasser 100 millions d'euros» d'importations contre «zéro il y a vingt ans» et 10 millions d'euros (plus de 14,8 millions de dollars) en 2002, précise son fondateur Franck Noguès citant les chiffres du Comité international du vin et des douanes.

Cette tendance est liée à la forte présence d'expatriés (85 % de la population) qui fréquentent les grands hôtels de Dubaï ou Abou Dhabi, les seuls à proposer des vins en l'absence de réseaux de distribution.

«Les alcools ne peuvent être consommés que dans ces établissements, or comme toutes les personnes riches dans le monde leur clientèle s'intéresse aux produits de luxe» fait valoir M. Noguès, de retour de Dubaï.

Les exportations de vins vers la Chine atteignent 750 millions d'euros, mais «à l'inverse du marché chinois, où on est sur des bouteilles de moindre prix et des ventes de grands crus moins fréquentes, le marché des Émirats ne porte que sur du très haut de gamme» et le développement du tourisme dans un pays comme Dubaï devrait selon lui soutenir cette tendance.

Cette émergence des émirats est particulièrement bienvenue après une année difficile pour le vin de Bordeaux en Chine: la politique de lutte contre la corruption et l'ostentation des classes privilégiées en matière de repas d'affaires et de cadeaux, liée au ralentissement de la croissance et à l'enquête antidumping lancée par la Chine contre les exportateurs européens ont fortement pénalisé les producteurs hexagonaux.

Les exportations françaises vers la Chine ont baissé en 2013 de 12,5 % en volume et 18 % en valeur, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).

Les vins de Bordeaux sont ceux qui ont le plus souffert, avec un repli de 16 % en volume et 18 % en valeur vers la Chine, et de 23 % en volume (constant en valeur) vers Hong Kong, selon le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).