Le nouveau ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Pierre Paradis, promet de mettre tout en oeuvre pour faciliter la mise en marché des vins du Québec. Il craint cependant de devoir livrer bataille à ses propres fonctionnaires pour donner une meilleure visibilité aux alcools du terroir.

Pierre Paradis connaît bien les vins du Québec. La vaste majorité des vignobles de la province se trouvent dans sa circonscription, Brome-Missisquoi. Son frère, Denis Paradis, est également propriétaire du domaine du Ridge.

En campagne électorale, M. Paradis s'est engagé à remettre sur les rails le projet de loi 395 déposé en juin par son collègue libéral, le député Stéphane Billette.

Ce projet de loi propose de modifier le mandat de la Société des alcools (SAQ). À l'instar de la société d'État ontarienne, la LCBO, la SAQ aurait comme «fonction de promouvoir les boissons alcooliques fabriquées au Québec».

Les libéraux souhaitent également permettre aux vignerons québécois de vendre leurs vins dans les épiceries et dans les restaurants «apportez votre vin».

Même si le Parti libéral forme un gouvernement majoritaire, le ministre Paradis ne croit pas que l'adoption du projet de loi sera facile. Il craint que les fonctionnaires bloquent plusieurs initiatives.

«Ça va être un combat de tranchée», laisse-t-il tomber.

Il rappelle que le gouvernement péquiste a eu beaucoup de difficulté à modifier la loi sur les permis d'alcool et celle sur la SAQ à la fin des années 90.

«Ça a été un bastion de résistance à chaque fois, se rappelle le ministre. Ce n'est pas important qui est au pouvoir. L'ensemble de la fonction publique est contre les vins québécois.»

Le ministre montre du doigt la Régie des alcools du Québec, les fonctionnaires du ministère du Commerce extérieur et la SAQ. Selon lui, tous ces organismes s'intéressent davantage aux vins européens qu'à ceux d'ici.

Le nouveau président de la SAQ, Alain Brunet, se dit pourtant favorable à la promotion des vins du Québec. Depuis son entrée en fonction, la société d'État s'est dotée d'ailleurs d'un nouveau logo «Origine Québec» afin de rendre les vins d'ici plus visibles sur ses étalages. 

Pierre Paradis demeure sceptique. Les vins du Québec restent selon lui encore difficiles à trouver dans les SAQ, surtout dans celles de sa circonscription, qui sont pourtant situées sur la Route des vins.

Le ministre espère qu'une nouvelle mouture du projet de loi de Stéphane Billette sera déposée d'ici juillet. Dans un scénario «optimiste», les changements pourraient entrer en vigueur à l'automne.