Les Français consomment de moins en moins souvent des boissons alcoolisées et privilégient la qualité à la quantité: ils ne sont que 11% à en boire tous les jours contre 14% il y a deux ans.

Les consommateurs quotidiens de boissons alcoolisées sont principalement les personnes âgées de 60 à 70 ans (21%) et les hommes (18%), selon le baromètre annuel des entreprises du secteur.

À l'inverse, les femmes (6%) et surtout les jeunes entre 18 et 25 ans (1%) sont bien moins nombreux à en boire tous les jours, d'après cette étude réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 965 personnes par Entreprise & Prévention (association qui regroupe 23 entreprises du secteur) avec l'Ifop.

Les jeunes privilégient cependant les occasions festives, à l'occasion desquelles se produisent régulièrement des phénomènes de consommation intense tels que le «binge drinking» ou la «neknomination» (défi de consommation d'alcool lancé sur les réseaux sociaux).

La grande majorité des Français boit de l'alcool une fois par semaine (34%) ou une fois par mois (35%).

«Presque 70% de la population a donc une consommation globalement occasionnelle», a souligné Alexis Capitant, directeur général d'Entreprise & Prévention, lors d'un point-presse de présentation de l'étude.

Et 11% des Français déclarent même en consommer encore moins souvent (tous les deux ou trois mois), voire pas du tout (19%).

La baisse continue de la consommation d'alcool enregistrée depuis 1961 (de 26 litres d'alcool pur par an à 11,8 litres en 2012) frappe surtout le vin, dont les Français boivent trois fois moins, alors que les achats de spiritueux et de bière restent stables.

«Les tendances observées depuis plusieurs années se confirment, les Français sont devenus des consommateurs occasionnels, qui boivent moins, mais mieux en privilégiant la qualité à la quantité», observe Alexis Capitant.

Le comportement d'achat des ménages, analysé par KantarWorldPanel à partir d'un échantillon représentatif de 12 000 foyers, montre que la quasi-totalité d'entre eux (96,3%) achète des boissons alcoolisées au moins une fois dans l'année.

Mais les quantités achetées ont aussi tendance à se réduire depuis plusieurs années, avec 74,1 litres en 2013, soit 1,4 litre de moins qu'en 2008, au début de la crise, et 6,6 litres de moins par rapport à 2007.

Le «très net décrochage provoqué par la crise n'a toujours pas été résorbé», explique M. Capitant.

Parallèlement on observe une certaine «montée en gamme» des achats d'alcool, avec un panier annuel global en hausse de 24,5 euros depuis 2008, à 325,7 euros par foyer.

Car si le budget moyen annuel d'achat a augmenté de 8,13% par rapport à 2008, et de 3,79% comparé à 2007, l'inflation et les diverses taxes, notamment sur la bière, n'expliquent pas tout, selon les auteurs de l'étude, qui y voient un changement lié à une recherche de qualité.

Les Français ont aussi tendance à boire moins lors des sorties dans les cafés, bars, restaurants et établissements de nuit.

Les campagnes de sensibilisation autour de la sécurité routière, ainsi que la répression accrue, semblent avoir joué un grand rôle.

En raison de cette évolution, les messages de prévention à faire passer ne sont plus les mêmes.

«Il faut mettre désormais plutôt l'accent sur le fait qu'au-delà de 4 unités d'alcool maximum pour un consommateur occasionnel, celui-ci risque de perdre le contrôle de sa consommation», précise M. Capitant.

Par ailleurs, les Français, qui se situent dans la moyenne des Européens en termes de consommation, fréquentent moins les cafés, pubs, restaurants et autres discothèques que les Espagnols ou les Anglais, avec 20 visites en 2013 contre respectivement 48 et 33.

Et lorsqu'ils s'y rendent, moins d'un client français sur deux (44%) commande de l'alcool, contre 55,2% en Espagne et 48,3% en Allemagne, selon un sondage sur la consommation hors foyer analysé par NPD à partir d'un échantillon représentatif de 14 000 personnes.