Plus d'un an après avoir modifié une loi fédérale interdisant d'acheter une bouteille de vin dans une province et de la consommer dans une autre, Ottawa est sur le point d'étendre ce droit à la bière et aux spiritueux.

Le budget déposé le 11 février par le gouvernement Harper prévoit d'autoriser le transport interprovincial de bière et de spiritueux. La mesure est présentée comme une manière de «favoriser le commerce intérieur», précise le document.

Le président de l'Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Frédérick Tremblay accueille la mesure avec enthousiasme.

«Ça va faciliter énormément de choses, dit-il, comme nos participations aux concours et les échanges de produits entre brasseurs.»

En vertu de la loi fédérale sur les boissons enivrantes, il est illégal pour les transporteurs comme UPS de livrer de la bière ou des spiritueux. Cette modification de la loi permettra ainsi aux brasseurs d'envoyer plus facilement, et en toute légalité, leurs bouteilles d'une province à l'autre. 

M. Tremblay est conscient que les Québécois pourront bientôt acheter des bières de partout au pays. Il ne craint pas cette nouvelle concurrence, car il croit que les habitants des autres provinces pourront à leur tour découvrir les bières d'ici.

Patience

Les Québécois devront patienter avant rapporter chez eux des bières des autres provinces. Les provinces doivent en effet légiférer à leur tour pour autoriser ce commerce. Et dans le dossier du vin, elles n'ont pas montré d'empressement à emboîter le pas au fédéral.

Bien qu'Ottawa autorise le transport interprovincial du vin depuis près de deux ans, cette pratique demeure toujours illégale dans huit des dix provinces, dont le Québec. Seuls la Colombie-Britannique et le Manitoba permettent ce nouveau commerce.

Au Québec, un projet de règlement visant à modifier la loi a été prépublié dans la Gazette officielle le 20 novembre. Celui-ci inclut déjà le transport des bières et des spiritueux, en plus de celui du vin. S'il est adopté, il autoriserait un individu à amener avec lui, ou dans ses bagages, trois litres de spiritueux, neuf litres de vin et 24,6 litres de bière d'une autre province pour des fins personnelles. Le document ne fait aucune mention de la possibilité de commander de l'alcool par Internet.

Selon la porte-parole de Nicolas Marceau, ministre des Finances et de l'Économie, Mélanie Malenfant, «le règlement sera discuté prochainement au conseil des ministres».

À l'origine, la Société des alcools du Québec (SAQ) s'est montrée réticente face au transport du vin entre les provinces. La société d'État craignait que ce nouveau commerce entraine une baisse de ses revenus.

Aujourd'hui, son porte-parole, Renaud Dugas se dit « très confortable avec le règlement ».