Des Britanniques vont fabriquer du vin à Londres avec du raisin importé du sud de la France, a-t-on appris mercredi auprès d'un des domaines français impliqués.

Le domaine Château de Corneilla, dans les Pyrénées-Orientales, vient d'expédier par camions frigorifiques vers la Grande-Bretagne trois tonnes de chardonnay et quatre tonnes de syrah récoltées à la main sur de «très belles parcelles», a indiqué à l'AFP William Jonquères d'Oriola, dont la famille élabore des vins depuis le XVe siècle et qui s'occupe du domaine de 60 hectares avec son père Philippe.

Le raisin est destiné à London Cru, première cave viticole du centre de Londres. London Cru vient d'être fondée dans une ancienne distillerie de gin par le négociant en grands vins Roberson Wine et l'investisseur Will Tomlinson, d'après son site internet. Outre les grappes catalanes, du cabernet de l'Hérault, du sauvignon et du merlot du Bordelais vont également être utilisés pour cette opération.

Les premières bouteilles de blanc élaborées à Londres à partir de grappes venues des Pyrénées-Orientales pourront être bues à l'été 2014, dit William Jonquères d'Oriola. Les premières bouteilles de rouge devraient être prêtes pour la vente à l'automne 2014.

William Jonquères d'Oriola, qui représente la 27e génération de vignerons établis à Corneilla-del-Vercol depuis 1485 au sein d'une famille qui a aussi fourni des cavaliers illustres, se félicite d'une opération susceptible de générer de la publicité et de faire connaître les vins du Roussillon.

«Les Britanniques sont toujours sollicités par les vins du Nouveau Monde, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, car c'est un peu leurs cousins», dit-il. En France, ils connaissent le Bordeaux, le Bourgogne, moins les vins du Languedoc-Roussillon. «Je veux être un ambassadeur», ajoute-t-il, soulignant que ses vins sont déjà présents sur les grandes tables britanniques.

Il doit se rendre prochainement à Londres pour faire le point sur les fermentations et l'élevage avec le vinificateur de London Cru, l'Australien Gavin Monery, explique-t-il. «Notre avis est important aussi. Il faut qu'on donne un style, il faut qu'on donne un profil, on ne fait pas que vendre du raisin», dit M. Jonquères d'Oriola, dont la mère est Britannique.

Son domaine produit chaque année environ 400 000 bouteilles, dont 25 à 30% partent à l'exportation (Royaume-Uni, Belgique, Canada, Allemagne, Hong-Kong).