Après des années de tentatives au succès mitigé pour accroître la disponibilité de leurs produits sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) et sur le marché québécois en général, les viticulteurs québécois tentent une nouvelle offensive, demandant cette fois au gouvernement de leur permettre de vendre leurs bouteilles en épicerie.

S'inspirant de la campagne «Le Québec dans votre assiette» et de la volonté gouvernementale de promouvoir la souveraineté alimentaire du Québec, un regroupement de producteurs présentera un nouveau plan de développement de leur industrie ce matin en conférence de presse, au marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal.

Le plan en question compte quatre demandes spécifiques et fait suite à des mois de lobbyisme auprès du gouvernement Marois, des partis de l'opposition, de la SAQ, de la Régie des alcools, des courses et des jeux et des grands détaillants en alimentation.

Emphase sur les produits québécois

Première demande: améliorer la place et la mise en valeur des produits québécois dans les succursales de la SAQ, comme cela se fait pour les vins ontariens à la LCBO, la société d'État monopolistique de la province voisine.

Pour y arriver au Québec, il faudrait vraisemblablement modifier la loi de la SAQ pour y inclure spécifiquement le mandat de promouvoir les produits québécois, ce qui est loin d'être acquis, reconnaissent les producteurs québécois.

Le député libéral de Huntingdon, Stéphane Billette, a déposé un projet de loi pour favoriser l'accessibilité et la vente de vins québécois, mais les producteurs constatent qu'ils sont soumis aux délais et imprévus des joutes parlementaires à Québec. Ils réclament une action gouvernementale rapide et significative.

Vendre dans les épiceries

Deuxième demande: permission de vendre les vins québécois dans les supermarchés et les épiceries, ce qui permettrait notamment aux petits producteurs de régions moins courues d'écouler une partie de leur production à proximité de leur vignoble. Au moins un grand de l'alimentation se serait dit ouvert à cette proposition, mais les producteurs québécois savent qu'ils devront affronter le puissant lobby des géants distributeurs de «vins d'épicerie», qui n'apprécieront pas cette nouvelle concurrence sur les tablettes.

Les «apportez votre vin» dans la ligne de mire

Troisième demande: permettre aux restaurants «apportez votre vin» de tenir (en consignation ou autrement) des vins québécois qu'ils pourraient offrir aux clients qui n'ont pas de bouteille ou qui en manquent durant le repas.

Enfin, quatrième requête: création d'un permis spécial de fabrication d'eau de vie à base de résidus vinicoles, comme le font les Italiens pour leur fameuse grappa.

Pour l'heure, il existe au Québec un permis pour produire de l'eau de vie à base de grains, mais pas avec les résidus de la grappe.