Michel-Jack Chasseuil, propriétaire dans les Deux-Sèvres d'une prestigieuse cave à vins et spiritueux, a adressé une lettre au Président François Hollande, dont l'AFP a eu copie lundi, dans laquelle il dit regretter la vente d'une partie de la cave de l'Élysée.

«Si les bouteilles de l'Élysée, véritable patrimoine de notre pays, peuvent en effet rapporter une belle somme, cela représente un détail dérisoire par rapport au budget de la France, compte-tenu du prestige que représentent ces vins aux yeux du monde entier!», écrit M. Chasseuil dans son courrier, daté de samedi.

Ce retraité qui a créé une fondation à laquelle il cède les deux tiers de sa collection, soit quelque 40 000 bouteilles dit se désoler de voir les quelque 1200 bouteilles vendues aux enchères les 30 et 31 mai à l'Hôtel Drouot, «partir aux milliardaires du monde entier et on se désolera de voir qu'on n'a plus rien».

«Je m'échine à faire un Louvre du vin dans lequel on verra les plus grands vins du monde et ils vendent des bouteilles à 2000 euros (...) une bouchée de pain par rapport à notre budget», souligne le collectionneur estimant que l'État n'est pas obligé «de vendre la cave pour sauver le pays».

Ce chasseur de trésors qui possède une bouteille de Porto datant de 1735 - la plus vieille de sa collection - affirme que de nombreuses personnes, l'ont appelé, y compris de l'étranger, «interloqués par cette vente» d'une cave qu'il affirme avoir «visité il y a plusieurs années».

«On m'a expliqué que Bernadette Chirac était très attentionnée à reconstituer cette cave dont la plupart des bonnes bouteilles avaient été bues sous la présidence de François Mitterrand» , a-t-il ajouté.

Lors de la vente aux enchères, des bouteilles de Petrus 1990 estimées à 2200 euros pièce, mais aussi des crus plus modestes à partir de 15 euros seront proposés.

Créée en 1947 sous la présidence de Vincent Auriol et réaménagée en 1995 pour améliorer la conservation des vins, la cave présidentielle s'est enrichie au fil des décennies.

L'Élysée assure prévoir de réinvestir le produit de cette vente dans des vins plus modestes et «l'excédent sera reversé au budget de l'État».