«Le vin argentin manque encore de qualité pour concurrencer les pays leaders, même s'il se renforce avec le cépage Malbec, reconnu mondialement», explique à l'AFP Martin Castro, gérant d'un domaine dans la Vallée d'Uco, au coeur des vignobles argentins plantés au pied des Andes, dans la province de Mendoza (ouest).

M. Castro et son associé, l'ingénieur agronome Joaquin Allamand, supervisent la production du domaine («bodega») Luminis, qui a cru de façon exponentielle ces dernières années, à l'instar de ses homologues dans cette région viticole de 20 000 hectares où ont également afflué les investissements étrangers. Les entreprises française Pernod Ricard, chilienne Trivento et portugaise Finca Flichmann font notamment partie des producteurs locaux.

«En plus du Malbec, le cépage le plus cultivé du pays, il y a d'autres variétés qui rendent très bien, mais comparé aux autres pays, pour entrer en compétition sur le marché extérieur, il faut encore apprendre et travailler beaucoup, tant pour le Cabernet Sauvignon que pour le Chardonnay», ajoute Martin Castro, en parcourant ses vignes, plantées à quasiment 1000 mètres d'altitude, sur les contreforts de la cordillère des Andes.

L'impressionnant développement du secteur ces 20 dernières années - on compte 1300 domaines autour de Mendoza - accompagné d'un saut qualitatif a également permis de favoriser l'eonotourisme dans cette région aride, traversée de nombreuses «routes du vin».

Des milliers de touristes étrangers parcourent les «bodegas», dont certaines sont en outre de véritables oeuvres architecturales, pour effectuer des dégustations, généralement payantes, et visiter les installations ou même participer aux vendanges. Cet afflux de visiteurs a parallèlement généré une prolifération d'hôtels dans les vignes.

«Dans l'univers du vin à l'échelle mondiale, il nous reste beaucoup de chemin à parcourir», poursuit M. Castro en exprimant malgré tout son optimisme pour l'avenir d'une filière plus que centenaire implantée par des immigrants européens et qui a permis à l'Argentine de devenir le 5e producteur de vin au monde (et le 8e exportateur).

En 2012, la production de vin en Argentine a atteint 1,4 milliards de litres, soit près de 5% de plus qu'en 2011, selon l'Institut national de la vini-viticulture (INV).

Pour M. Allamand, la filière du vin argentin - déclaré boisson nationale en 2010 - avait besoin d'un bond qualitatif, qui a commencé à voir le jour dans les années 90.

Les Argentins consomment 90 litres de vin par an et par personne, mais suite à la sévère crise économique de 2001, les producteurs ont commencé à se tourner vers les marchés étrangers, bien que la consommation locale absorbe toujours 80% de la production.

Toutefois, les exportations en 2010 se sont élevées à 640 millions de dollars en 2010, comparés aux 300 millions de 2005, selon le cabinet britannique spécialisé IWSR.

«Nous sommes encore loin, parce qu'il y a des pays avec 400 ans d'histoire, comme la France, qui produit de gros volumes mais aussi les plus chers et les meilleurs» vins, reconnaît M. Allamand.

Selon l'Organisation mondiale du vignoble et du vin (OIV), le premier producteur mondial en 2012 était l'Italie, suivie de la France, puis de l'Espagne et des États-Unis.

Mais l'Argentine est «très connue pour son Malbec (un cépage venu du Sud-Ouest français à la fin du XIXe siècle), qui fait déjà partie de l'ADN du pays», explique Marcelo Pelleriti, directeur de la «bodega» Monteviejo, détenue par la famille française Péré-Vergé, historiquement implantée dans le vignoble bordelais.

Si ce cépage typique de la région de Cahors s'est particulièrement bien épanoui autour de Mendoza, cinquième province du pays d'où sont issus 70% de la production viticole nationale alors qu'elle ne dispose que de 3% des terres arables de l'Argentine, le déficit hydrique contraint les propriétaires à avoir systématiquement recours à des systèmes d'irrigation réclamant d'importants investissements.