Serge Primi cultive sa passion pour le vin depuis longtemps. Dès l'âge de 8 ans, il a élaboré ses premières cuvées à Montréal avec son grand-père d'origine italienne. Aujourd'hui, le vigneron produit à Vaudreuil des vins originaux qui valent le déplacement.

Le vigneron Serge Primi se décrit comme un «fou de vin», mais il a néanmoins choisi le métier de comptable. Au bout de 20 ans de carrière, toutefois, son «coeur vire de bord». Au cours d'une visite à Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne, l'envie lui prend de faire son vin de nouveau.

L'homme d'affaires s'intéresse d'abord aux domaines du Niagara et de la vallée de l'Okanagan. Mais le coût des propriétés y est trop élevé. Des amis lui parlent alors d'un vignoble à vendre à Vaudreuil. En 2006, Serge Primi se lance et achète le domaine.

Un métier difficile

Aux commandes de son vignoble de six hectares, Serge Primi a vite réalisé qu'être vigneron est beaucoup plus complexe que de fabriquer son vin à la maison.

«Mon Dieu qu'il y en avait, de l'ouvrage à faire! se souvient-il. C'est un métier vraiment difficile.»

L'un de ses défis est d'éloigner les «prédateurs». Car le domaine est établi au milieu de la forêt. À l'automne, quand les raisins sont mûrs, les animaux sont nombreux à s'intéresser à la future récolte. Afin de les éloigner, le vigneron use d'imagination: il a placé des haut-parleurs entre les vignes dans lesquels il diffuse, pendant la nuit, le bruit de gens qui discutent. Et c'est efficace, soutient-il.

Miser sur les cépages rustiques

Le domaine de Serge Primi compte 20 000 pieds de vigne, dont 10 500 qui ont été plantés ce printemps. Mais contrairement à de nombreux vignerons québécois qui cultivent de plus en plus de variétés européennes (les viniferas), Serge Primi mise sur les cépages rustiques.

«Je ne crois pas aux viniferas au Québec, dit-il. Je suis paresseux. Pour faire des viniferas, il faut beaucoup de travail pour les protéger en hiver. Je suis un homme de chiffres. Je me demande toujours si ce sera rentable.»

Avec ses cépages rustiques, le vigneron tente d'élaborer un grand mousseux dans la province. Il mettra d'ailleurs en vente au début du mois prochain ses premières bouteilles de bulles.

Il raconte que ce mousseux était d'abord un vin rosé trop acide pour être commercialisé. Son oenologue, Richard Bastien, qui a étudié en Champagne, lui a suggéré d'en faire un vin effervescent. Deux ans plus tard, le produit fini est surprenant.

Le vigneron va aussi commercialiser une deuxième nouveauté dont il est très fier. Ce produit est élaboré à base de frontenac gris, également élevé en barriques de chêne américain. Il est encore rare que l'on vinifie ce cépage rustique seul. On a davantage l'habitude de le découvrir dans les rosés et dans certains vins de glace. Il produit pourtant des vins aromatiques aux notes de fruits tropicaux. Le frontenac gris de la Côte de Vaudreuil sera aussi offert à l'automne.

Comment s'y rendre?

Le vignoble est situé à 45 minutes du centre-ville de Montréal. Pour y aller, on prend la sortie 28 de l'A40 Ouest et l'on se dirige sur la route Hardwood où se trouve le domaine.

À surveiller

Les week-ends du 25 août, du 1er et du 8 septembre, les sculpteurs, peintres et photographes de la région se donnent rendez-vous dans les vignes de la Côte de Vaudreuil. Les visiteurs sont invités à pique-niquer avec eux en plein air.

À déguster: Le Primius 2010

Les amateurs de rouge ne seront pas déçus. Car cet assemblage de frontenac noir, de sabrevois et d'une touche de maréchal-foch est réussi. Sa couleur est rubis foncé. Bien que le vin ait passé 10 mois en barriques de chêne américain, son bois est mesuré. S'y manifestent plutôt les cerises noires, le cassis, la réglisse et la cannelle. En bouche, ce sont les notes de confitures de fraises et de cerises qui tapissent les papilles. C'est agréable. À mettre en carafe une heure ou deux avant de le servir accompagné d'un steak.  12,4%, 16$ au domaine.

Le Primius 2010, un des produits du vignoble Côte de Vaudreuil