La prédominance des vins de Bordeaux sur le marché chinois ne faiblit pas, laissant encore augurer d'importantes parts de marché, après la clôture de la 5e édition de Vinexpo Asie-Pacifique, salon du vin et spiritueux qui a regroupé à Hong Kong plus d'un millier d'exposants, pour moitié français.

«Le marché des vins de Bordeaux continue toujours à se développer», souligne depuis Hong Kong Thomas Jullien, représentant en Chine du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).

Selon le CIVB, la Chine a accru ses importations de 40 % par an entre 2005 et 2010 et de 28 % en 2011, privilégiant la bouteille et les vins français, dont Bordeaux qui représente 13 % de l'export.

«Tous les signaux montrent une marge de progression très forte avec des chiffres en prise aujourd'hui avec le marché réel de la consommation», ajoute M. Jullien, joint par téléphone vendredi, au lendemain de la clôture de Vinexpo Asie-Pacifique.

L'ouverture de l'immense marché chinois a bouleversé au cours des dix dernières années la hiérarchie des premiers clients à l'export des vins de Bordeaux.

Le marché chinois est devenu, Hong Kong compris, leader en volume (avec respectivement 471 000 hl + 100 000 hl en mars 2011) et en valeur (342 M EUR + 320 M EUR).

Alors que le noyau des neuf premiers clients (Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, États-Unis, Japon, Suisse, Canada, Pays-Bas, Danemark) concentrait en 2001 quelque 89 % du volume et 87 % de la valeur exportée, il n'assure plus en 2011 que 57 % du volume et 49 % de la valeur.

Aujourd'hui, Chine, Hong-Kong et Royaume-Uni drainent à eux seuls la moitié de la valeur exportée en 2011.

«Bordeaux n'a jamais connu un tel phénomène», témoigne Jean-Philippe Code, directeur du service économie et études au CIVB: «En dix ans, les volumes vers l'Asie ont été multipliés par 100».

La courbe exponentielle des volumes de vin de Bordeaux exportés vers la Chine ne s'affaisse pas pour autant, le rythme des exportations continuant à augmenter.

«C'est une croissance exponentielle et régulière. Cela montre qu'il n'y a pas de désorganisation de la filière de distribution mais un besoin réel du marché», analyse M. Code.

Le rouge, un bienfait pour la santé des Chinois

«Après une période frénétique, les acteurs du marché du vin, importateurs et distributeurs, se professionnalisent, ils connaissent le marché et leurs clients», confirme M. Jullien.

M. Code note que «la progression des vins de Bordeaux en 2011 s'opère sur l'ensemble de la gamme» et que «88 % des volumes partent de France à un prix inférieur à neuf euros le litre».

L'explication de ce phénomène tient au nombre croissant de consommateurs, encouragés par le pouvoir chinois voyant dans une consommation raisonnée de vin rouge un bienfait pour la santé par opposition aux alcools forts consommés en Chine, selon les spécialistes.

«Il y a un enthousiasme autour de la consommation de vin, c'est évident partout, dans les magasins et même à la télévision», témoigne M. Jullien.

La prédominance de la Chine et Hong Kong en valeur exportée est également en rapport avec le nombre de millionnaires. Selon une étude du Boston Consulting Group, la Chine comptait en 2011 quelque 1,11 million de millionnaires en dollars, soit 31% de plus qu'en 2009, situant le pays au 3e rang mondial, derrière les États-Unis et le Japon.

«Si Bordeaux a eu autant de réussite en Chine c'est d'abord grâce au négoce qui a su assez tôt ouvrir ces nouvelles portes», explique M. Code, mais aussi à la «notion de marque, de notoriété», très prisée par ces nouveaux riches, «le vin de Bordeaux s'étant imposé comme un marqueur social de réussite».