La «renaissance» du vin grec, Theo Diamantis baigne dedans depuis plusieurs années déjà. En 2005, au terme d'un contrat de marketing pour Softimage et Discreet Logic, il a décidé d'ouvrir son agence: Les Vins Diamantis.

Un premier voyage de repérage au pays que ses parents ont quitté dans les années 60 lui a confirmé que plusieurs producteurs grecs méritaient d'être représentés au Québec, tant à la SAQ que dans les restaurants. Les premiers domaines qu'il a pris sous son aile étaient Tselepos (Péloponnèse) et Argyros (Santorin), deux producteurs de taille moyenne, dont certains vins sont aujourd'hui en vente à la SAQ. Il est d'ailleurs intéressant de noter que de 86 produits grecs disponibles en 2007-2008, la SAQ est passée à 303 en 2010-2011.

Naturellement, Theo a d'abord cogné aux portes des restaurants grecs de la métropole pour voir s'ils étaient intéressés à acheter «ses» vins. Déception: à part Mythos Ouzeri et Milos, personne n'en voulait. Les producteurs n'étaient pas connus et leurs vins coûtaient trop cher. Il faut dire que les vins grecs, surtout les vins de négoce de gros volume, ont toujours eu l'«avantage» d'être très abordables. Les tavernas et ouzeris de Montréal préféraient les grandes maisons de négociants comme Boutari, Tsantalis et Achaia Clauss.

Theo Diamantis avait réhypothéqué sa maison, était retourné sur les bancs d'école et avait pris un boulot dans un restaurant pour réaliser son rêve. S'était-il complètement gouré? Il a changé de stratégie et s'est mis à courtiser les restaurants «non grecs» où il avait de bons contacts: Le club chasse et pêche, Pullman, Kaizen Sushi Bar, Toqué! , Joe Beef et Leméac. Ces derniers se sont montrés très intéressés par les vins qu'il avait à offrir.

Mais il a vite réalisé qu'il ne pouvait vivre avec sept clients. En 2006, Theo s'est associé à Alexis Fortier-Lalonde et Aurelia Filion (aujourd'hui connue pour ses capsules Bu sur le Web), deux jeunes «tripeux» de vin. Après un seul voyage en France et en Italie, le couple est revenu avec une liste de vignerons impressionnantes, incluant Gérard Schueller, le Domaine de la Vieille Julienne, Bartolo Mascarello et le Domaine Tempier. Les Vins Diamantis est alors devenu Oenopole. Les producteurs français et italiens du portefeuille ont donné une belle crédibilité aux vins grecs, aux prises avec un grave problème d'image. «Les vignerons aiment côtoyer les Français et les Italiens. Ça les sort de leur ghetto», affirme Theo.

Oenopole représente aujourd'hui 10 producteurs grecs, certains plus «nature», d'autres plus traditionnels, mais tous épris de l'expression du terroir avant tout. Chaque printemps, à l'occasion du salon des vins Oenorama, à Athènes, Theo rend visite à ses vignerons, pour déguster le nouveau millésime et discuter affaires.