Le Québécois Pier-Alexis Soulière a réussi une première étape au Concours du meilleur sommelier du monde, à Anvers, en Belgique. Le sommelier du restaurant La Chronique, à Montréal, est un des 19 candidats à atteindre les demi-finales.

Rencontré après l'annonce des résultats, le jeune homme est demeuré calme malgré l'importance du moment. «C'est la première étape pour moi, explique-t-il. Ç'a fonctionné et je suis très, très content. Je vais aller chercher ma nuit de sommeil, et demain [NDLR: aujourd'hui], ça va être une autre occasion de faire la business.» Le groupe initial comptait 66 participants, représentant 63 pays.

Le sommelier originaire de Plessisville a dû faire preuve de patience lors du dévoilement des 19 aspirants au titre. Le président de l'Association de la sommellerie internationale, Andrés Rosberg, a annoncé son nom au 18e rang. «Ce ne sont pas les moments les plus faciles, mais à partir du moment où tu fais de la compétition, tu sais que tu peux gagner et que tu peux perdre. J'aurais très bien pu perdre aujourd'hui, mais j'ai fait la demi-finale.»

Les demi-finales seront disputées ce matin et le gagnant sera connu vendredi.

L'entraîneur de Pier-Alexis Soulière, Romain Gruson, demeurait aussi calme devant ce premier succès et pensait déjà à l'épreuve de ce matin. «Il va falloir mettre de l'énergie pour que, encore une fois, Pier-Alexis ait le moins de stress possible», explique-t-il. 

«Il faut qu'il s'amuse, parce que c'est ce que veulent voir les juges, ils veulent voir des sommeliers qui ont du plaisir à faire leur métier, qui ne font pas ça automatiquement.»

L'épreuve des demi-finales consiste en quatre stations installées dans deux pièces. Les candidats feront chacune des stations à tour de rôle et passeront à la suivante une fois que tout le monde aura terminé l'épreuve.

Notons qu'un autre Québécois, Carl Villeneuve Lepage de chez Toqué!, sacré meilleur sommelier du Canada en 2017, participait aussi à la compétition, mais il n'a pas été retenu pour la suite.

Le président de l'Association canadienne des sommeliers professionnels, Mark DeWolf, avait de bons mots pour les deux Québécois. «Nous ne sommes pas surpris de voir Pier-Alexis en demi-finale, nous connaissons tous la grande qualité de son travail. [...] Nous sommes évidemment déçus pour Carl, mais je crois qu'il comprend que cette expérience va l'aider à grandir. Je n'ai aucun doute qu'il sera de la demi-finale ou de la finale lors de sa prochaine compétition.»

Grosses pointures

Plusieurs grosses pointures ont atteint la deuxième étape, des noms comme Julie Dupouy, une Française qui représente l'Irlande et qui a terminé troisième au concours mondial de 2016; le représentant de la France, David Biraud, auteur de deux podiums sur la plus grosse scène de la sommellerie (3e en 2010, 2e en 2016); la Roumaine Iulia Scavo, 5e au concours de 2013 où la sommelière et chroniqueuse vin Véronique Rivest, aussi collaboratrice à La Presse, avait décroché la médaille d'argent; et le Polonais Piotr Pietras, qui a obtenu une 10e place en 2016 et que la plupart des observateurs considèrent comme un redoutable concurrent.

On a aussi vu plusieurs nouveaux visages dans le domaine. «Il y a beaucoup de gens de pays émergents, des pays de l'Est, des gens qu'on ne voyait pas là», souligne Pier-Alexis Soulière, qui a obtenu le titre de meilleur sommelier des Amériques en 2018.

«C'est une compétition où tout peut arriver. Il y a des gens qui ont eu de bonnes journées, d'autres, de mauvaises journées.»

Trois femmes seulement passent à la prochaine étape, un exploit si l'on considère qu'elles étaient sept au départ. Outre Scavo et Dupouy, la Danoise Nina Højgaard Jensen s'est aussi qualifiée. Elle a remporté le titre de meilleure sommelière des pays scandinaves en 2016.

On peut aussi parler d'un vent de fraîcheur dans le domaine de la sommellerie. L'âge moyen des demi-finalistes ne dépasse pas 33 ans; seuls deux d'entre eux sont âgés de plus de 40 ans.