Les vendanges ont commencé plus tôt que prévu au Québec et elles battent leur plein. Le temps chaud et sec de septembre a permis aux raisins de mûrir plus vite et, surtout, de rattraper le retard qu'ils avaient accumulé pendant l'été.
« J'étais inquiet au début du mois d'août, raconte le vigneron Charles-Henri de Coussergues, du vignoble de L'Orpailleur. On manquait un peu de maturité. »
Chaque année, les vignerons québécois espèrent que les raisins arriveront à pleine maturité avant le froid de l'automne. Leur souhait a été exaucé en 2015 : les raisins vendangés sont sucrés et même trop mûrs dans certaines parcelles.
Dans les Cantons-de-l'Est, en Montérégie et à Québec, les vignerons sont unanimes. L'acidité des raisins est plus basse qu'à l'habitude, ce qui laisse entrevoir un millésime 2015 particulier.
« Ça va donner des vins plus ronds, il n'y a aucun doute, explique Véronique Hupin, du domaine Les Pervenches. Ce sera des vins ayant un peu plus d'alcool, plus ronds et plus charmeurs. »
Plusieurs producteurs estiment que la qualité de la récolte sera similaire à celle de 2012, l'un des plus beaux millésimes de l'histoire du Québec.
Contrairement à l'année 2012, l'hiver 2015 a été froid. Les gelées printanières ont de plus été dévastatrices pour certains vignobles.
André Cellard, du vignoble des Météores à Ripon, en Outaouais, y a goûté. Les gels de l'automne et du printemps derniers ont tué plus de la moitié de ses vignes. Mais les grappes qui ont survécu donneront une minicuvée 2015 exceptionnelle, assure-t-il.
« C'est d'autant plus difficile pour les vignobles biologiques comme nous, car il n'y a pas de producteur biologique au Québec qui vend des raisins en vrac, dit-il. Si on n'a pas de raisins dans notre champ, on n'a pas de vin. »
M. Cellard n'est pas le seul vigneron à regarder les journées ensoleillées de l'automne avec un pincement au coeur. Au vignoble Bergeville, à Hatley, les gelées printanières ont touché une grande partie des plants cultivés selon les règles de l'agriculture biologique.
« On récoltera à peine 20 % du volume habituel », explique la vigneronne Ève Rainville.
Pour élaborer ses produits, le vignoble a dû se résigner à acheter des raisins issus de l'agriculture conventionnelle. Il installera également d'ici quelques jours une tour à vent afin de pousser l'air chaud, qui se trouve en altitude, vers le sol lorsque les températures tombent sous le point de congélation au printemps.