L'Élysée met aux enchères une partie de sa cave jeudi et vendredi à Drouot à Paris, vente qui s'annonce très suivie en France comme à l'étranger, pour la rareté de certains crus et, surtout, pour la symbolique de cette première pour le palais présidentiel.

Les 1200 bouteilles mises aux enchères ont quitté l'Élysée il y a plusieurs semaines pour une cave en banlieue parisienne, où elles ont été exposées mardi et mercredi, attirant des journalistes du monde entier.

«De grands sommeliers de restaurants parisiens», «des négociants de clients étrangers» ainsi que des «badauds venus un peu comme pour une journée du patrimoine» ont également fait le déplacement, a raconté à l'AFP l'expert, Ambroise de Montigny. Les bouteilles ne seront en revanche pas montrées lors de la vente.

C'est en 1947, sous la présidence de Vincent Auriol, que la cave de l'Élysée a été créée. Depuis, elle n'a cessé de s'enrichir et de se renouveler: elle compte plus de 12 000 bouteilles.

L'Élysée a choisi d'en vendre une partie afin de «permettre un renouvellement de sa cave par autofinancement», selon un communiqué de la salle de vente Drouot. «Dans un souci de saine gestion, le produit de cette vente sera réinvesti dans des vins plus modestes et l'excédent sera reversé au budget de l'État».

La sélection a été préparée par la chef sommelière du Palais de l'Élysée, Virginie Routis. «Les 1200 bouteilles sont très représentatives de la production de vin en France», souligne la commissaire-priseur, Ghislaine Kapandji, de la maison Kapandji-Morhange, responsable de la vente. Si les Bordeaux et les Bourgogne dominent, des vins d'Alsace, de la Loire, de la vallée du Rhône, du sud-ouest sont également en vente.

Les estimations vont de 20 à 2500 euros. «Il y a des bouteilles rares (...) comme des plus discrètes», dit-elle. La plus haute estimation revient à un Petrus de 1990 (entre 2200 et 2500 euros). L'expert cite aussi, parmi les plus grands crus, des bouteilles de Romanée de 1985: un vin extrêmement rare, car «c'est la plus petite AOC (appellation d'origine contrôlée, ndlr) de France», souligne-t-il.

Château Latour 1936

La bouteille la plus ancienne date de 1936: il s'agit d'un château Latour remis en bouteille en 1997. Un autre Latour, datant de 1961, fait partie des estimations les plus élevées, entre 2000 et 2200 euros.

Des Cognac, présentés par cinq bouteilles dans un coffret en bois estampillé «présidence de la République», sont également très attendus. Le coffret est estimé entre 400 et 600 euros. «Ce sont des estimations du marché actuel, sans un pourcentage supplémentaire lié à la provenance», explique l'expert.

Les prix pourraient donc s'envoler, tant cette vente est symbolique. «Tous ces vins furent servis à la table du président de la République et ont, pour certains, accompagné de grands moments de l'histoire de la cinquième République», dit le communiqué de Drouot. L'Élysée est aussi l'une des caves mythiques de la république, avec celles de l'Assemblée nationale et du Quai d'Orsay.

Les bouteilles porteront une étiquette ronde, mentionnant leur provenance, «Palais de l'Élysée», avec la date de la vente.

«C'est une vente très chargée en symbolique et je suis curieuse de voir les résultats», dit la commissaire-priseur, avant d'ajouter: «on ne sait pas dans quelles proportions la symbolique va jouer».

«Des ordres ont été passés» et «il y a de nombreuses demandes de lignes téléphoniques», explique Ghislaine Kapandji. Elle estime que les acheteurs auront «des profils très divers»: des Français comme des étrangers d'Europe, des États-Unis, de Chine, de Russie ou du Japon et aussi bien des professionnels que des particuliers.

«Les grands crus vont partir à l'étranger, comme dans les autres ventes de vin», prévient pour sa part l'expert.

La vente démarre jeudi à 19H30 à Drouot (9ème arrondissement) et se poursuit vendredi à 14H00.