Arianna Occhipinti, 30 ans, a déjà vinifié neuf millésimes. Chez les amateurs de vins artisanaux, la jeune Sicilienne a un statut de superstar. Ses «jus» sont gourmands et élégants, dangereusement faciles à boire. Autrefois offerte seulement à la caisse en importation privée, sa cuvée SP68 rouge sera en vente à la SAQ dans quelques semaines. Il y a de quoi se réjouir!

Son père est architecte et sa mère est enseignante, mais Arianna a choisi le vin. Elle est tombée dans la cuve avant même d'avoir l'âge légal de boire. À 16 ans, elle accompagnait son oncle, le vigneron Giusto Occhipinti, à la grande foire VinItaly.

«Pour moi, c'était surtout excitant parce que ça voulait dire que je manquais quatre journées d'école! Le vin ne m'intéressait pas trop à l'époque, même si mes parents étaient de grands amateurs. Mais les gens que j'ai rencontrés à VinItaly étaient si passionnés et vrais que j'ai immédiatement décidé que je voulais travailler dans le vin», racontait la jeune femme, jointe à son domaine la semaine dernière.

L'adolescente est donc allée étudier l'oenologie et la viticulture à l'Université de Milan. Elle a un peu déchanté lorsqu'elle a réalisé que la manière dont on enseignait la production de vin à l'école ne correspondait pas du tout à l'approche ancestrale et naturelle de son oncle, copropriétaire et de l'Azienda agricola COS, qui élève ses vins dans des amphores, comme les Grecs anciens.

«Il y a 12 ans, les écoles prenaient comme exemples des vins industriels. Ils enseignaient le vin comme une recette, avec toutes sortes de produits chimiques dans la vigne, puis des additifs dans le vin. Pendant ce temps, je rencontrais des vignerons travaillant très naturellement comme Radikon, La Stoppa et Elisabetta Foradori, puis je lisais les livres de Nicolas Joly sur la biodynamie. C'étaient vraiment deux mondes.»

À la fin de ses études, la jeune femme a même écrit une lettre à Luigi Veronelli, un des critiques de vin les plus respectés d'Italie (mort en 2004). Elle lui disait ce qu'elle pensait de la manière dont le vin était enseigné dans les écoles d'Italie et lui faisait part de sa propre philosophie non interventionniste. Le journaliste fut si impressionné par le cran de la vigneronne en herbe qu'il a publié sa lettre.

«Un de mes professeurs m'a apostrophée et m'a dit, sourire en coin: «Comme ça, tu trouves qu'on t'enseigne n'importe quoi?» Il semblait plutôt heureux de voir qu'une de ses étudiantes avait un regard très critique sur le programme. Aujourd'hui, c'est plus courant d'entendre parler des cultures biologique et biodynamique dans les programmes d'oenologie. On étudie la fermentation sans levures sélectionnées. Les choses sont en train de changer.»

Petit domaine

Dès sa sortie de l'école, Arianna a commencé à cultiver son petit hectare de vigne, dans la région de Vittoria, près de chez son oncle, où elle a travaillé pendant ses études. En 2010, son domaine faisait 9 hectares. Il atteint maintenant les 18 hectares, ce qui reste petit, lorsqu'on compare aux 400 hectares et plus de Planeta, également en Sicile.

Sur cette pointe sud-est de l'île, les cépages indigènes sont le très répandu nero d'avola et le moins connu frappato, qu'elle vinifie séparément dans les cuvées Il frappato et Siccagno, ou ensemble pour son SP68 rouge, à la manière d'un Cerasuelo di Vittoria. La vigneronne cultive également de l'albanello et le moscato di alessandria, avec lesquels elle fait son SP68 blanc.

Les sols du vignoble sont couverts de sable rouge, mais les racines sont bien ancrées dans le calcaire, ce qui donne au vin une dimension très minérale. Comme le domaine se trouve à plus de 200 pieds au-dessus du niveau de la mer, les nuits sont fraîches et les vins aussi.

Un sicilien atypique

Ses premières cuvées, Arianna les a faites à 21 ans, en 2004. Le succès fut immédiat. Les vins ne correspondaient pas du tout à l'idée que l'on se faisait des vins siciliens, plutôt charnus et forts en alcool. Ceux de la jeune vigneronne étaient légers, frais et élégants et montraient un nouveau visage du vignoble sicilien.

D'un millésime à l'autre, Arianna Occhipinti essaie tout simplement de rester aussi fidèle que possible au terroir dans lequel ses vignes, ses oliviers et elle évoluent.

Une année de nature en bouteille, finalement, avec un peu de soufre en finale pour fixer le travail.

Les vendanges 2012 sont terminées et le vin est en train de se faire à l'Azienda agricola Arianna Occhipinti. La vigneronne a donc pris le temps, pour la deuxième fois de sa jeune carrière, de venir rencontrer ses fans montréalais. Elle sera au Salon des vins d'importation privée du RASPIPAV aujourd'hui et demain. On pourra y goûter à quelques-unes de ses cuvées.

Le Salon des vins en importation privée se tient au marché Bonsecours aujourd'hui (de midi à 20 h) et demain (de midi à 19 h), puis à l'Espace Dalhousie de Québec mardi (de 13 h à 20 h).