Le millésime 2012 issu des vignobles de Brome-Missisquoi devrait être exceptionnel. L'un des meilleurs des dernières décennies, à en croire les vignerons de la plus importante région viticole du Québec. Le temps chaud et sec des derniers mois a offert la combinaison parfaite pour la naissance de raisins savoureux à la base des grands vins.

«Ce sera l'un des meilleurs millésimes de toute l'histoire viticole du Québec», estime Jean-Christophe Hirsch, propriétaire du vignoble La Mission de Brigham. Son enthousiasme est partagé par tous les vignerons rencontrés au cours des derniers jours. «L'année 2012 sera une année de référence. Ce sera un vin techniquement parfait. Je suis dans l'industrie depuis 25 ans et je n'ai jamais vu ça», indique à son tour Pierre Genesse, propriétaire du Domaine Vitis.

Tous s'entendent pour dire que le cocktail météorologique des derniers mois a été idéal pour donner naissance à un grand cru. «On a deux semaines d'avance sur la récolte comparativement aux autres années. Nous avons eu des conditions de rêve. Il y a eu du temps sec et beaucoup de soleil, ce qui donne un raisin sucré. Le raisin est à point», ajoute M. Genesse.

Le propriétaire du Vignoble de l'Orpailleur à Dunham, Charles-Henri de Coussergues, ose une prédiction quant aux goûts et arômes des vins de cette année. «Le millésime 2012 devrait faire un vin bien équilibré, un vin rond avec du gras en bouche et un peu de cran en finale. On se crée beaucoup d'attentes et on fonde beaucoup d'espoir sur ce millésime», confie celui qui est aussi président de l'Association des vignerons du Québec.

Grandes récoltes

Les lourdes grappes de raisin, qui font plier les branches des milliers de vignes de la région, n'attendent qu'à être cueillies. Contrairement à la France, les vendanges dans la plupart des vignobles québécois se font toujours à la main et au sécateur. Il s'agit d'un travail de longue haleine, souvent sous un soleil de plomb, qui n'est pas fait pour tout le monde.

«Les gens ont souvent une vision bucolique des vendanges avec une fête tous les soirs, mais la réalité est différente. C'est dur, il ne faut pas se le cacher. Il faut être au sol et c'est très difficile physiquement. Avant, je prenais des volontaires, mais certaines personnes ne pouvaient pas faire plus qu'une heure», dit M. de Coussergues.

Payés à la chaudière, les cueilleurs obtiennent entre 10 et 20 dollars l'heure. La douzaine de cueilleurs de l'Orpailleur ramassent jusqu'à 10 tonnes de raisin par jour. «Le raisin ne doit pas rester longtemps dans la chaudière, il faut qu'il soit pressé et que le jus aille rapidement dans les cuves. Cela permet d'éviter toute oxydation et déviance aromatique» dit le propriétaire du Vignoble de l'Orpailleur.

Le choix de privilégier l'humain plutôt que la machine s'explique par un désir de protéger le précieux raisin, explique Anne-Marie Lemire, du Domaine Les Brome. «Une vendangeuse automatique abîme souvent les fruits. C'est un gros risque, car cela peut provoquer l'oxydation du raisin. Nous préférons travailler à la main», dit-elle.