Les coopératives françaises de vin ont retrouvé le moral, encouragées par une récolte 2011 plus abondante que celle de l'an dernier et des prix qui devraient se maintenir.

«On retrouve le sourire après trois années de crise qui ont laissé les vignerons dans une situation de trésorerie épouvantable», a déclaré mercredi à l'AFP Denis Verdier, président de la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF).

Avec 741 coopératives, le secteur de la coopération représente près de 50% de la production française, l'autre moitié étant assurée par des vignerons indépendants.

Les prévisions de récolte pour l'ensemble du vignoble français font état de 50 millions d'hectolitres vendangés pour 2011, en augmentation de 11% par rapport à l'année précédente, a précisé M. Verdier.

Ces prévisions corroborent celles publiées récemment, et en toute discrétion, par le ministère de l'Agriculture.

L'an dernier M. Verdier s'en était pris vertement au service statistique du ministère, dénonçant ses estimations «erronées» et l'impact négatif qu'elles avaient eu sur le marché.

Cette année, la hausse des volumes français «ne devrait pas avoir d'incidence sur les prix en raison d'une diminution des récoltes en Europe», a assuré le responsable pour qui «l'offre et la demande seront très équilibrées».

Dans les 16 pays européens producteurs de vin, les vendanges 2011 sont en recul de 2% sur un an et de 7% sur les cinq dernières années, selon M. Verdier.

Le repli est particulièrement prononcé en Italie et en Espagne, les deux principaux concurrents de la France.

En Italie, la production a baissé cette année de 17% par rapport à 2010 (-18% sur cinq ans), permettant, au passage, à la France de redevenir premier pays européen producteur de vin. En Espagne, la production a chuté de 9% (-12% sur cinq ans).

Ce rééquilibrage entre la production française et européenne va permettre le maintien des prix payés aux producteurs, a assuré le responsable.

Celui-ci appelle toutefois à des augmentations de tarifs de 5 à 10% dans certaines appellations comme les Côtes du Rhône ou cépages (merlot, cabernay et chardonnay).

L'an dernier à la même époque, la CCVF avait demandé une hausse «d'au moins 10%» des tarifs alors que les trésoreries des exploitations étaient à près de 80% dans le rouge.

Ces hausses ont été obtenues, voire dépassées. «Les producteurs s'en sont bien sortis, les prix du vin à la sortie de la propriété (payés au producteur, NDLR) ont grimpé jusqu'à 15% et même 20%», a affirmé M. Verdier.

Ce sont surtout les vins d'entrée de gamme qui ont bénéficié des hausses les plus importantes.

Côté consommateur, «les augmentations ont été maîtrisées». «Il y a eu une stabilité globalement, ce qui nous convient, car quand les cours ont chuté (prix payé au producteur, NDLR) ces trois dernières années le consommateur n'en a pas profité alors que les marges de la grande distribution étaient très importantes», a affirmé M. Verdier.

«L'augmentation de la récolte et le maintien des prix devraient permettre un rattrapage des revenus» pour les vignerons, a affirmé le patron des coopératives qui fait état d'un «certain optimisme dans le vignoble».

Côté exportations, le secteur se porte bien. Lors de la campagne 2010-2011 (1er août 2010-31 juillet 2011) les ventes de vin à l'étranger ont augmenté de 7% en volume et de 15% en valeur et les coopératives, qui représentent près de 30% des exportations, «ont profité de cette dynamique».