Le millésime 2010 dans le Bordelais sera «racé», «formidable», «un autre très grand, en rouge et en blanc» après celui de 2009 déjà «couvert de louanges», en raison de conditions climatiques très favorables cette année, s'accordent à dire plusieurs professionnels.

Après 2009, «la nature pouvait-elle offrir, l'année suivante, un autre grand millésime à Bordeaux ?», s'est interrogé Denis Dubourdieu, directeur de l'Institut des sciences de la vigne et du vin à Bordeaux. À ce stade de la vinification, «les fermentations malolactiques terminées et les projets d'assemblages presque décidés, on peut affirmer que : Oui, certainement, 2010 sera grand et même très grand, en rouge et en blanc», a-t-il affirmé dans un compte-rendu distribué à la presse.

«C'est un millésime racé, d'une élégance formidable», a renchéri Sylvie Cazes, présidente de l'Union des grands crus de Bordeaux. Il s'agit d'«un millésime avec une très belle structure qui va garder beaucoup de fraîcheur» grâce à des des températures régulières «tout l'été jusqu'à la fin des vendanges» et des nuits fraîches, «ce qui donne les grandes années à Bordeaux», s'est-elle félicité lors d'une conférence de presse, en préambule à la campagne des primeurs qui s'ouvre début avril et suscite déjà un fort «engouement».

Le groupe Bernard Magrez aussi le qualifie «parmi les plus grands».

«Ce n'est pas parce que 2010 fait suite à un très grand millésime, très bien vendu, qu'il faut lui chercher un vice caché», souligne le magnat du vin dans un communiqué.

«Après 2009, il aurait été politiquement et commercialement correct que 2010 ne soit simplement qu'un bon millésime (...) mais la nature en a voulu autrement», ajoute-t-il.

La contrainte hydrique subie par la vigne grâce à un été sec, le plus sec de la décennie, mais sans fortes chaleurs, suivies d'un début d'automne moyennement arrosé, est certainement le facteur clé de la réussite du millésime. «À cet égard, 2010 ressemble plus encore à 2005 qu'à 2009», souligne encore Denis Dubourdieu.

Les vendanges ont été en outre réalisées «à maturité oenologique optimum», ajoute l'expert. Seule ombre au tableau, une perturbation de la floraison du merlot, dit-il.

Les blancs secs sont «éclatants de fruits et d'une remarquable suavité», «plus vibrants que les 2009», les sauternes et barsac sont «parfumés», «denses» et «sans lourdeur», «à peine moins puissants que les prodigieux 2009 mais peut-être plus digestes», estime-t-il encore.

«La complexité et l'intensité» des vins rouges de bordeaux, sur les deux rives, en merlot comme en cabernets, «leur fraîcheur et leur densité tannique laissent déjà imaginer leur énorme potentiel. De la beauté liquide !», lance-t-il.