Il y a quelques mois, un lecteur m'a envoyé par courriel une photo prise chez un marchand de vin français qui avait apparemment adopté le système des «pastilles de goût» de la SAQ.

Dans le changement récent d'ordinateur, j'ai malheureusement égaré cette photo (cher lecteur, si vous pouviez me la renvoyer, ce serait bien aimable de votre part!), mais je me souviens néanmoins que la similitude entre les pastilles de notre SAQ et celle du marchand français confinait carrément au plagiat.

Il ne craint rien, toutefois: la SAQ a protégé son concept au Canada, mais pas à l'étranger. Le monopole d'État ne poursuivra donc pas les détaillants étrangers qui pourraient s'inspirer de son code de couleur.

Au Québec et au Canada, le concept fait d'ailleurs des petits et la SAQ, critiquée lorsqu'elle avait lancé l'idée, s'enorgueillit de ce succès.

En vertu d'une entente d'échange de bons services, la cousine ontarienne de la SAQ, la LCBO, pourrait ainsi adopter elle aussi le concept des pastilles pour les vins et faire profiter la SAQ de son concept pour les spiritueux, un marché plus vigoureux en Ontario qu'au Québec.

De ce côté-ci de la rivière des Outaouais, les pastilles de goût se multiplient. La chaîne de restaurants Saint-Hubert a signé une entente avec la SAQ pour utiliser son concept. D'autres grandes chaînes sont elles aussi en pourparlers pour faire de même.

Selon la SAQ, le concept facilite le choix des vins et les accords avec les mets dans les établissements qui veulent offrir une carte, mais qui n'ont évidemment pas de sommelier pour conseiller les clients.

La pastille se répand aussi dans les supermarchés: Sobey's et Metro ont acheté le concept de la SAQ pour leur section vin.

La SAQ défend son concept, qui ne fait pas l'unanimité chez les spécialistes, en affirmant qu'il simplifie le langage et rend le rapport entre le consommateur et le vin moins intimidant.

C'est précisément ce que reprochaient les employés de la SAQ, selon qui les pastilles détruisent des années d'efforts pour aborder les clients, pour les mettre à l'aise et les conseillers au moment de leurs achats.

La SAQ a toutefois lancé, l'automne dernier, une campagne publicitaire invitant ses clients à «oser demander à votre conseiller», une initiative bien accueillie par le syndicat des employés de magasin.

Les pastilles restent malgré tout difficiles à avaler pour bien des conseillers en vin des succursales de la SAQ, qui pensent que ce concept coupe le lien avec les clients et simplifie à outrance le choix des bouteilles.

«J'ai entendu récemment, lors d'une dégustation en succursale, une cliente dire: ah non, merci, je ne veux pas goûter ce vin, ce n'est pas ma pastille de goût, raconte, dépitée, Katia Lelièvre, présidente du syndicat. D'autres entrent dans le magasin et cherchent seulement telle ou telle pastille et ressortent aussi vite sans prendre le temps de nous consulter.»

Les pastilles ont aussi provoqué des problèmes dans les succursales, forçant le syndicat à déposer des griefs pour que la SAQ ne fasse plus porter des T-shirts promotionnels à ses salariés.

Des employées ont en effet subi sarcasmes, railleries et même avances parce qu'elles portaient des T-shirts sur lesquels était inscrit, à la hauteur de la poitrine, «fruité et généreux» ou «100% de probabilité de bon temps».

Moins de 20$

Domaine Guy Allion, Touraine 2009, 13,80$, (Code SAQ: 10327841) Un excellent sauvignon blanc tout en finesse et en équilibre à prix imbattable pour des accords classiques, mais néanmoins réussis, avec des huîtres ou du poisson blanc. Pour changer de l'indélogeable Sablette.