Bon an, mal an, la planète consomme quelque 300 millions de bouteilles de champagne. Lequel reste à juste titre le roi incontesté de tous les vins effervescents.

Or, le champagne a de multiples visages...

Il peut être léger, tout en dentelles, ou complexe et d'une rare distinction comme le montrent certains champagnes millésimés de grandes années, telles 1996 et 1990.

Ou encore, autre style, corpulent, avec des notes oxydatives - rancio, dit-on souvent - plus ou moins marquées, lesquelles lui confèrent une complexité additionnelle. (Des notes, rappelons-le, qui ne sont pas accidentelles, mais voulues par les producteurs, sauf bien sûr dans le cas de champagnes sur leur déclin.)

Bref, il y a des champagnes qui font merveille à l'apéritif, d'autres qui peuvent fort bien jouer le rôle de vins de repas, soit par exemple avec les huîtres ou une entrée, un poisson, ou encore une viande blanche.

Et même s'il est cher - jamais moins de 40$ sur notre marché -, la plupart des consommateurs s'en offrent une bouteille à l'occasion, notamment pendant la période des Fêtes de fin d'année.

Comme tous les ans, l'Association québécoise des agences de vins, bières et spiritueux (AQAVBS) a donc tenu cette année deux importantes dégustations de champagnes et de vins mousseux, soit en tout 78 vins.

Première journée, 48 mousseux, deuxième journée, six vins d'appellation Franciacorta (Lombardie) et 24 champagnes.

Afin de tenter d'être le plus impartial possible, j'ai dégusté à l'aveugle, tout en prenant connaissance, aussitôt après l'avoir dégusté, de l'identité de chaque vin, afin de bien l'avoir en mémoire.

Exceptionnellement, les vins sont notés sur l'échelle de 100 points, qui permet davantage de nuancer, plutôt que sur l'échelle d'une à cinq étoiles. Et (aussi bien le dire!) j'ai noté bas, sans chercher à en évaluer le potentiel de garde.

Impossible, naturellement, de faire état de tous ces vins. Dans chaque cas - les mousseux d'un côté, les champagnes et les Franciacortas de l'autre -, j'ai retenu les 10 vins qui m'ont semblé être les meilleurs.

Voici, parmi les 30 vins de la deuxième journée, ceux que j'ai le mieux notés. Tous sont présentement en vente.

Ce sera au tour des mousseux samedi prochain 4 décembre.

Henriot Brut 1996 75,50$ (10839627)

90/100

Il faut aimer le style. Jaune paille, avec un rancio appuyé au nez et en bouche, on a là un champagne qui a du corps, dense, distingué et dont l'après-goût persiste un long moment. L'exemple même, à mon sens, du champagne de repas. Mais c'est un vin à boire sans tarder et à ne pas mettre en cave. Magnifique, donc. 12% (65 caisses).

Gosset Grande Réserve 60,25$ (10839619)

87/100

Très beau champagne, au bouquet séduisant, complexe, avec des nuances comme de grillé, genre pain grillé. Peu corsé, et d'une grande élégance. On salive uniquement à le humer... 12% (56 caisses).

Piper-Heidsieck Brut 59$ (462432)

86/100

Meilleur que jamais, m'a-t-il semblé. Des notes rancio peu marquées, une bouche tout en nuances, équilibrée, une distinction certaine. Impeccable. 12% (235 caisses).

Devaux Blanc de Noirs Brut 48$ (871954)

85/100

De corps moyen, pourvu de la juste dose d'acidité, son bouquet est net, relevé par un rancio peu appuyé. Très bon et à prix correct. 12% (68 caisses).

Bollinger Special Cuvée Brut 64,75$ (384529)

85/100

On aime ou pas le style de ce champagne, aux notes oxydatives marquées, et aux saveurs très relevées. Particulier, donc. 12% (53 caisses).

Drappier Carte d'Or Brut 40,75$ (734699)

84/100

Le moins cher des champagnes sur le marché. Le bouquet ne manque pas de complexité, avec un rancio assez appuyé. De corps moyen, pourvu de notes de grillé, l'après-goût persiste un bon moment. 12% (181 caisses).

Paul Goerg Brut 2004 52,25$ (439190)

84/100

Un style très proche du précédent, m'a-t-il semblé. Un peu rancio, bien fait, de facture classique. 12% (725 caisses).

Canard-Duchêne Cuvée Léonie Brut 55$ (11154700)

84/100

Le bouquet est flatteur, à cause entre autres d'une nuance de beurre. Plus que moyennement corsé, il se montre tout aussi charmeur en bouche. 12% (74 caisses).

Lanson Rosé Label Brut 61$ (172130)

84/100

Champagne rosé, d'une couleur genre pelure d'oignon, et au bouquet légèrement rancio. Du corps, et même quelque chose d'un peu austère, de sorte qu'il peut fort bien aller à table, pour accompagner par exemple une viande blanche. 12,5% (183 caisses).

Roederer Brut Premier 65,25$ (268771)

84/100

Champagne tout en finesse, au bouquet délicat, distingué, dépourvu de notes oxydatives, toutes choses que l'on retrouve en bouche. Du charme. 12% (190 caisses).

Une déception

Charles Heidsieck Brut

60,50$ (31286)

Noté 80/100 et qui n'est donc pas un mauvais champagne, ample et pourvu précédemment de beaucoup de caractère, mais qui en a beaucoup perdu et que surpasse nettement désormais Piper Heidsieck, du même producteur.

Franciacorta

33$ (10678616)

83/100

Premier vin goûté, le très bon Franciacorta Brut Montenisa Antinori a en quelque sorte souffert d'être goûté avant tous les autres, le premier vin dégusté servant toujours, comme on dit, à se faire la bouche.

Gracieux, équilibré, de corps moyen et du niveau de bien des champagnes, mais à prix bien plus doux, il s'en est néanmoins très bien tiré. Autrement dit, aurait-il été dégusté après d'autres vins, sans doute l'aurais-je mieux noté.

12,5% (38 caisses).