«Lorsque vous trouvez un vin bon, buvez-le, n'attendez pas», conseillait Jean-Philippe Delmas, régisseur du premier grand cru classé de Pessac-Léognan Château Haut-Brion, le vendredi 29 octobre, dans le cadre de Montréal passion vin.

Quelque 50 vins, dont bon nombre de grands vins, furent dégustés au cours de cet événement sans pareil.

Or, grâce à l'expertise des viticulteurs réunis à Montréal pour l'occasion, les 300 participants purent enrichir leurs connaissances sur le vin... domaine sur lequel il y a toujours quelque chose à apprendre, aussi renseigné qu'on puisse être.

Propriétaire du Domaine de la Moussière, à Sancerre, Alphonse Mellot expliqua pour sa part que le vin ne tire du sol qu'environ 3 % des éléments dont il est constitué. Le reste, dit-il, lui provient d'autres sources, notamment de la photosynthèse, la plante se nourrissant de gaz carbonique avec la lumière comme source d'énergie.

Mais, ajoute-t-il en substance, cet apport de 3 % est capital, car si le sol et le sous-sol ne sont pas en mesure de le lui fournir, le vin est banal, sans intérêt.

Dans quelle mesure peut-on se fier aux dégustateurs américains? Réponse diplomatique de Michel Bardet, du si beau Meursault 1er cru Clos des Perrières : «Il n'y a rien de plus difficile que de déguster sur fûts, et c'est ce que font les Américains.»

L'événement est aussi l'occasion de découvrir des vins peu connus sur notre marché, ou encore des styles de vins donnés, par la dégustation d'une demi-douzaine de millésimes.

Absent du marché québécois depuis plusieurs décennies, le champagne De Venoge brilla entre autres par sa cuvée Louis XV 1996, complexe, d'une très grande ampleur.

D'une parfaite distinction, le Sancerre Cuvée Edmond 2002 La Moussière avait, lui, tout à fait intégré son bois et atteint son apogée. À boire.

Haut-Brion : grand vin, son style est très marqué par des arômes de tabac et «de goudron», dit Jean-Philippe Delmas, qui peut surprendre, et même ne pas plaire.

Enfin, le Saint-Julien 1995 Ducru-Beaucaillou, très fruits rouges, d'une jeunesse semblant inaltérable, d'une texture incroyablement serrée, laissait pantois. Un sommet.

Précision

Noté quatre étoiles, l'excellent Uruguay 2006 Casa Bernard Magrez Juanico (59 $, 11213976) s'est retrouvé samedi dernier avec trois étoiles seulement à la suite d'une erreur. Nos excuses.

Beaujolais-Villages 2009 Château du Souzy, 12,65 $ (10837390), **1/2, $1/2, 2010-2011.

Changement total de registre avec ce beaujolais, d'un grand millésime pour ce vignoble. Très coloré pour un beaujolais, son bouquet, de fruits rouges, avec aussi une note végétale (sans doute à cause de la partie boisée des grappes), et également une nuance sucrée, pourrait difficilement être plus expressif. La bouche suit, charnue, avec beaucoup d'éclat, un bon goût de fruit, et assise sur des tannins légèrement astringents. 13 % (189 caisses).

Patagonia 2008 Pinot Noir Universo De Los Andes, 18,35 $ (11271164), ** 1/2, $$, 2010-2012.

Vin d'Argentine, élaboré sous la direction du Québécois Pascal Marchand. Pourpre-prune, son bouquet de fruits rouges, au boisé particulier, est net. Plus que moyennement corsé, avec quelque chose de bien mûr et même comme d'un peu sucré, il est souple, peu tannique. Élevage sous bois de 30 % de la cuvée, son producteur ne précisant pas s'il s'agit de fûts ou de foudres. 14 % (111 caisses).

Fleurie 2009 Poncié Domaine du Vissous, 21,95 $ (10837314), ***, $$1/2, 2010-2013.

Beaujolais de charme, au bouquet pur, séduisant, typé Gamay (surtout après un bon moment d'aération), sans rien de végétal. Élevé en foudres, velouté, c'est de son terroir (Poncié) qu'il tient sa suavité, selon son producteur. Surpasse des bourgognes rouges vendus nettement plus cher. Un délice. 13 % (66 caisses).

Vallée de la Békaa 2008 Massaya Classic, 15,90 $ (10700764), ***1/2, $1/2, 2010-2014.

Curieux vin rouge libanais, de Cinsault (60 %), de Cabernet Sauvignon (20 %) et de Syrah (20 %), d'une couleur un peu acajou, et dont le bouquet, épicé, associant fruits rouges et cuits, ne ressemble qu'à lui-même... Mêmes arômes en bouche, et du corps, sur des tannins serrés. Élevage en cuves. Attention, il s'agit du 2008 et non du 2007. Mais... peut-être aurais-je dû m'en tenir à trois étoiles. 15 % (174 caisses).

Casablanca 2010 Sauvignon blanc Caliterra, 11,90 $ (275909), **, $, 2010-2011.

Vin blanc du Chili, à prix très doux, au bouquet bien typé Sauvignon blanc et légèrement herbacé, mais sans excès aromatiques. Peu corsé, pourvu de la juste dose d'acidité, ce qui lui donne du tonus, il a le grand mérite d'être sec, contrairement à tant de vins du même cépage de Nouvelle-Zélande. Vin de repas, donc. 13 % (594 caisses).

Bourgogne 2008 «Émotion de Terroirs» Vincent Girardin, 20,85 $ (10523219), ***, $$1/2, 2010-2013.

Très joli bourgogne blanc, au boisé discret (élevage en fûts), quoique perceptible à la fois au nez et en bouche. Non sans finesse, de corps moyen, équilibré, il renferme un peu de gaz carbonique et laisse un arôme fumé (le bois) en fin de bouche. Très bon. 13 % (112 caisses).