Le millésime 2010 français, tout juste vendangé, s'annonce prometteur dans la plupart des régions, malgré une météo plutôt fraîche: ce sera globalement une bonne année pour le bordeaux, mais une bien moyenne pour le champagne, selon les sommeliers et dégustateurs interrogés par l'AFP.

Si les millésimes continuent à varier d'une année sur l'autre, il devient plus rare, grâce aux outils ultra-sophistiqués disponibles aujourd'hui, de «rater» complètement une année comme cela pouvait arriver il y a encore 30 ans, soulignent-ils.

BORDEAUX - Sans doute un millésime de grande qualité, après un 2009 exceptionnel. «Le Bordelais, très prometteur, a réussi à passer entre les gouttes», souligne le sommelier Philippe Faure-Brac.

«Belle suite à 2009», le millésime devrait être «globalement une réussite sur le Bordelais, y compris les Sauternes», confirme Philippe Maurange, journaliste-dégustateur à la Revue du vin de France. Et certaines propriétés qui travaillent «en haute couture» produiront de très grands crus.

Le degré d'alcool devrait rester élevé, avec beaucoup de vins autour de 14 degrés, voire plus, estime-t-il.

CHAMPAGNE - «Ce n'est pas une bonne année», affirme M. Maurange, «il y a eu des maladies et le raisin ne mûrissait pas». En raison d'une météo pluvieuse, les vignerons ont dû «trier davantage, produisant moins de volume pour une qualité assez moyenne», explique M. Faure-Brac.

La plupart des champagnes étant le résultat d'un assemblage de jus de différentes années, la médiocrité de 2010 devrait avoir un impact limité. Mais peu de maisons seront tentées de produire un champagne millésimé 2010, cette pratique étant théoriquement réservée aux années exceptionnelles.

BOURGOGNE - «Il y aura de jolis vins mais ce n'est pas du même niveau que le Bordelais. Ca a été un peu plus difficile globalement», estime M. Faure-Brac. «Bonne année en blanc, mais le rouge a été ramassé un peu précocement en raison des risques météo, ce qui peut faire craindre une maturité pas tout à fait optimale», souligne M. Maurange.

BEAUJOLAIS - Après un 2009 «super gourmand, au fruit arrondi», 2010 sera «très plaisant, avec un peu plus de fraîcheur, peut-être plus équilibré», selon M. Faure-Brac.

VALLEE DU RHONE - Belle année, notamment pour le cépage syrah (utilisé dans les rouges), avec une touche de fraîcheur.

ALSACE - Les vignerons semblent «plutôt contents, mais réservés», note M. Faure-Brac, qui prévoit un millésime entre «correct et bon».

LOIRE - Millésime «correct» avec un «joli fruit», selon M. Faure-Brac, mais beaucoup d'acidité, il faudra surveiller de près l'équilibre de ces vins, met en garde M. Maurange.

PROVENCE - Après les inondations de juin, le mistral a assaini la vigne. Le millésime s'annonce satisfaisant et même très réussi pour les blancs.



LANGUEDOC-ROUSSILLON - Petite récolte, qualitativement assez variable. Mais la fraîcheur, bienvenue ici, pourrait offrir des vins «plus faciles à boire, moins capiteux», aux degrés d'alcool moins élevés.