Les journalistes du vin ont désormais beaucoup de pain... ou, plutôt, pardonnez l'erreur, de vin sur la planche!

Le record absolu (priez pour les pauvres journalistes!) a été sans doute atteint le jeudi 14 octobre. N'y avait-il pas ce jour-là quatre dégustations au programme? Ayohe!

Vous êtes curieux, chères lectrices et chers lecteurs, d'en savoir un peu plus? Allons-y donc, mais succinctement.

La première de ces dégustations, mise sur pied par la SAQ dans le cadre de la publication du prochain numéro de Cellier, incluait une vingtaine de vins, dont certains de l'État de Washington. C'était à 11h.

Suivait, à 11h30, dans un restaurant, une dégustation mettant aux prises des bordeaux rouges, d'appellation Montagne Saint-Émilion, et des chablis.

La panse pleine (car un repas suivait au restaurant), les joyeux lurons étaient tenus de se rendre à la grande salle du Marché Bonsecours où les attendaient, à 15h, 120 vins de la vallée de Napa, en Californie.

Enfin, et pour conclure (jamais trois sans quatre!), une agence montréalaise tenait un 5 à 7 dans un hôtel-boutique très chic du Vieux-Montréal - là où descendent les Rolling Stones quand ils sont en ville -, pour faire déguster à ces assoiffés les vins d'un producteur portugais, de la vallée du Douro.

Le tout terminé, ces messieurs-dames, n'ayant plus soif du tout, furent autorisés à aller se coucher...

On me pardonnera ma paresse, je n'ai assisté pour ma part qu'à deux de ces quatre dégustations. Qu'y puis-je?

Changement radical de propos, à peu près rien - du point de vue du rapport qualité-prix et en vins français - n'arrive à battre les vins rouges de la vallée du Rhône et du Languedoc-Roussillon.

En voici trois preuves tangibles.

Côtes du Rhône Villages 2008 Sablet Cuvée Clémence Domaine de Boissan, 17,60$ (712 521), ***1/2,$$, 2010-2014.

Vin rouge fait à parts égales de Grenache et de Syrah, bien coloré quoique sans rien d'opaque, il séduit au nez, dès l'abord, par la qualité de son fruit, aux arômes de petits fruits noirs, genre bleuets, son boisé étant on ne peut plus discret, car seule la Syrah est élevée en fûts. Suit une bouche un peu chaude (14,5% d'alcool), de corps moyen et aux tannins aimables, aux saveurs de fruits noirs, dont l'après-goût persiste un bon moment. Très bon, et à prix correct. 14,5% (154 caisses).

Vinsobres 2007 Les Cornuds Perrin, 19$ (11 095 981), *** 1/2,$$, 2010-2015.

Mis en vente il y a quelques jours, et fait lui aussi à parts égales de Grenache et de Syrah, dont une petite partie (20%) est élevée en fûts, son beau bouquet joue à la fois sur les fruits rouges et noirs. Relativement corsé, charnu, tannique, équilibré, ses saveurs ont l'éclat et la franchise des grands millésimes. Savoureux. 14% (300 caisses).

Saint-Joseph 2007 Offerus Jean-Louis Chave, 26,25$ (10 230 862), *** 1/2,$$$, 2010-2015.

Vin rouge de l'activité de négoce de Jean-Louis Chave, célèbre viticulteur du nord de la vallée du Rhône. Vin rouge de Syrah, au bouquet de bonne ampleur, très typé Syrah, avec aussi des notes de petits fruits rouges. Bouche dense, avec du corps, des tannins fermes, quoique sans dureté indue. Convaincant. 13,5% (196 caisses).

Coastal 2008 Goat-Roti Syrah Viognier, 21,95$ (10 440 691), *** 1/2,$$ 1/2, 2010-2013

Vin sud-africain, d'un producteur qui se plaît à imiter, non sans humour, les vins rouges de la vallée du Rhône. Très coloré, corsé, ses arômes rappellent les raisins secs et... le gâteau aux fruits, avec aussi des notes très sud-africaines (le bois?) comme on en trouve dans les vins de Pinotage. Très... particulier. 14,5% (194 caisses).

Barossa 2007 Shiraz Schild Estate, 24,65$ (11 267 077), *** 1/2,$$$, 2010-2012.

D'Australie celui-là, richement coloré, et goûté à l'aveugle, son bouquet est typé Syrah, sans rien (bravo!) de ces notes mentholées ou d'eucalyptus, fréquentes dans les vins australiens. Très goûteux, ses tannins sont gras, avec une bonne persistance. 14,5% (200 caisses).

Muscadet de Sèvre et Maine 2009 Expression d'Orthogneiss Domaine de l'Écu, 19,15$ (10 919 141), ***,$$, 2010-2016.

Muscadet au bouquet unique, expressif, très minéral, avec aussi, selon un collègue, «une note de clou de girofle». Plutôt léger, ses saveurs sont bien mûres, et rehaussées par une certaine quantité de gaz carbonique. Et comme tout Muscadet digne de ce nom, il tiendra la route. À découvrir. 12% (118 caisses).