La récession, ça vous dit quelque chose?

Le mot est sur toutes les lèvres, ses effets sont auscultés en continu par les médias et les gouvernements sont forcés de réécrire leur budget à l'encre rouge.

Le milieu du vin, immanquablement, est aussi touché par la crise économique. Mais ses répercussions ne sont pas nécessairement négatives. Cette chronique se penchera sur la santé financière de différents joueurs de l'industrie du vin au cours des prochaines semaines.

 

Commençons par une bonne nouvelle (elles sont plutôt rares ces temps-ci): les prix des grands vins de collection sont en chute libre.

Stephen Harper avait peut-être raison, après tout. Une crise économique, comme il l'a expliqué avec un détachement proverbial lors de la dernière campagne fédérale, fournit aussi de bonnes occasions. C'est vrai en Bourse (si vous avez le coeur assez solide et une foi inébranlable dans les marchés), c'est vrai aussi pour le vin.

Les Québécois auront moins l'occasion d'en profiter puisque la vente de bouteilles entre particuliers est interdite en vertu du monopole de la SAQ, mais les chiffres des échanges en Grande-Bretagne (compilés par l'indice «boursier» du vin Liv-ex) démontrent que les prix des grands vins ont chuté de 20% depuis septembre.

Cela s'explique, notamment, par la surabondance de l'offre, de nombreux «collectionneurs» décidant de vendre les trésors de leur cave pour se renflouer. En effet, Liv-ex a enregistré à la fin de 2008 deux fois plus de ventes qu'à pareille date l'an dernier.

À surveiller, ici: les prix dans les ventes aux enchères, qui, en toute logique, devraient aussi baisser.

Aux États-Unis, on commence aussi à remarquer les premiers effets de la récession.

Première constatation, faite par une étude de la firme Morgan Stanley, les ventes des vins de moins de 7$ sont en légère croissance, alors que pour les vins de 7$ et plus, c'est l'inverse: baisse de 4,5%.

Autre phénomène significatif aux États-Unis, les ventes d'alcool ont augmenté de seulement 1% en 2008, la plus faible croissance annuelle depuis 1998.

Sans surprise, les alcools importés de luxe, comme le cognac, sont les plus touchés par le ralentissement économique.

Dans les restaurants, la tendance est de plus en plus au «vin au verre», notent plusieurs revues et sites internet spécialisés. Généralement, on s'attend à une baisse moyenne des prix des bouteilles de vin en restaurant.

Pour le moment, toutefois, le milieu du vin ne s'en tire pas trop mal. Les grandes bouteilles inabordables trouvent difficilement preneur et les restaurants ayant une cave à vin luxueuse devront garder leurs précieuses fioles plus longtemps que prévu, mais dans l'ensemble, les consommateurs achètent plus de vins moins chers qu'ils boivent à la maison, ce qui maintient le marché.

Dans une ère de restriction, ce sont les producteurs argentins qui tirent le mieux leur épingle du jeu pour le moment.

Les Australiens, par contre, souffrent davantage, eux qui ont vu leurs exportations chuter globalement de 18%, ce qui signifie 2,5 milliards de manque à gagner.

 

MOINS DE 20$

IJALBA RESERVA,

RIOJA 2004, 20,35$

(CODE SAQ: 00 478 743)

Bon, on triche de 35 cents, mais ça vaut la peine. Et puis, les vins de moins de 20$, c'est comme le reste, il y en a de moins en moins.

J'avoue qu'au fil des ans, je me suis lassé des Rioja, trop souvent dilués et décevants. Mais je retourne à l'occasion vers celui-là, typiquement cerise-prune-terre des bonnes maisons de ce coin d'Espagne.