Malgré les scandales qui ont éclaboussé l'entreprise de Mark Zuckerberg l'an dernier, Facebook est demeuré le réseau social le plus fréquenté par les Québécois en 2018. Sa popularité est même en hausse, selon une étude rendue publique récemment par le Centre facilitant la recherche et l'innovation dans les organisations (CEFRIO).

En 2018, 70 % des adultes québécois ont affirmé utiliser Facebook, comparativement à 64 % en 2016, révèle le CEFRIO dans son fascicule L'usage des médias sociaux au Québec, tiré de l'enquête NETendances 2018. On a souvent entendu que les jeunes avaient délaissé Facebook, au profit des baby-boomers. Eh bien, non : 82 % des 18 à 24 ans ont fréquenté ce réseau social, contre 65 % des 55 à 64 ans. « Facebook s'est approprié une part importante du marché en matière de médias sociaux, constate Raymond Poirier, chef des communications et de la mise en valeur des projets pour le CEFRIO. Le réseau est en progression depuis 2008. C'est une constante dans nos rapports. Est-ce qu'il y a un plateau qui est atteint ou non ? Ça va être intéressant de voir dans deux ans comment ça va progresser. »

YouTube et les autres

Non loin derrière Facebook, on retrouve YouTube, fréquenté par 64 % des Québécois en 2018. Suivent Instagram (24 %), LinkedIn (18 %), Pinterest (17 %), SnapChat (16 %), WhatsApp (14 %) et Twitter (12 %). Instagram est le réseau social qui a connu la plus importante augmentation depuis 2016 - le CEFRIO réalise ce sondage tous les deux ans -, la proportion d'adultes qui le fréquentent étant passée de 15 % à 24 %. L'application de messagerie WhatsApp fait quant à elle son apparition dans les résultats ; elle n'avait auparavant pas généré suffisamment d'entrées pour être considérée.

« Les médias sociaux émergents sont souvent adoptés par les jeunes, les 14-18 ans », observe Raymond Poirier.

«[Le CEFRIO] commence à prendre les mesures à partir de 18 ans, alors il y a des habitudes d'usage qui commencent à apparaître parce que les adolescents intègrent certains usages dans leur vie adulte. Ça explique peut-être la poussée importante d'Instagram. »

- Raymond Poirier, chef des communications et de la mise en valeur des projets pour le CEFRIO

En outre, « YouTube est assez populaire présentement chez les jeunes, poursuit-il. Est-ce que ça va l'amener à s'amplifier dans les prochaines années ? C'est une tendance qu'on va vouloir surveiller. »

moins grande disparité selon les revenus

Les réseaux sociaux en général ont continué de gagner en popularité et rejoignent maintenant 83 % des adultes québécois, une hausse de 16 % par rapport à 2016. Près de la moitié des adultes québécois (45 %) s'y sont connectés plusieurs fois par jour en 2018. « On voit que les personnes âgées sont de plus en plus branchées, souligne Raymond Poirier. Les nouveaux retraités ont de facto des habitudes d'usage d'éléments liés au web, qu'ils vont aussi apporter vers leur retraite. »

Les résultats de 2018 montrent également une moins grande disparité dans les habitudes des Québécois en fonction de leurs revenus. En 2016, 44 % des adultes possédant un revenu familial inférieur à 20 000 $ utilisaient au moins un réseau social. En 2018, on parle de 69 %. « Dans une étude récente sur l'usage du téléphone intelligent, on a noté un bond important chez les foyers à faible revenu (revenu familial annuel de 40 000 $ et moins), note M. Poirier. Est-ce que la disparité est moins importante parce qu'il y a plus de gens qui utilisent ces appareils ? Parce qu'il y a une normalisation de ces pratiques ? Il y aurait effectivement matière à creuser. »

Les réseaux sociaux comme source d'information

L'industrie des médias le constate depuis plusieurs années : le public est de plus en plus nombreux à s'informer par l'entremise des réseaux sociaux. L'enquête du CEFRIO montre que 79 % des adultes québécois y vont pour suivre l'actualité, dont 95 % des 18 à 24 ans. L'enquête ne précise toutefois pas quelles sont les sources des nouvelles qu'ils consomment.

L'étude a été réalisée au moyen d'un sondage téléphonique, effectué du 5 au 23 septembre 2018, auprès de 1000 adultes québécois. La marge d'erreur maximale est de 3,41 %, 19 fois sur 20.