Facebook a annoncé jeudi avoir mis fin à une nouvelle campagne de manipulation d'ampleur, orchestrée depuis l'Iran et dirigée contre de très nombreux pays, dont la France, la deuxième en quelques mois.

Le réseau social a indiqué avoir supprimé précisément 783 pages, groupes et comptes qui reproduisaient la position officielle de l'Iran sur des sujets sensibles comme le conflit israélo-palestinien, la Syrie ou encore le Yémen, sous couvert de comptes ou de pages présentés comme locaux.

Comme dans les nombreuses actions de manipulations débusquées par Facebook ou Twitter, les messages semblent servir à attiser les tensions au sein de la société.

Parmi les exemples de messages supprimés fournis par Facebook, un dessin avec ce commentaire : «Al Quods (nom arabe de Jérusalem) est la capital éternelle de la Palestine».

Autre exemple visant la France cette fois : «Je ne reconnais absolument pas Israël», message posté par une page titrée «Israël est un criminel de guerre».

Certaines publications étaient des détournements de publications émanant de médias d'État iraniens. Partagées par ces faux profils, ces messages étaient attribués à d'autres sources ou accompagnés de messages incendiaires.

Pour autant, «nous ne sommes pas en mesure d'affirmer directement qui est derrière», que ce soit les autorités ou «d'autres acteurs», a expliqué Nathaniel Gleicher, responsable de la cybersécurité chez Facebook lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, répétant vouloir être «prudent».

Il a aussi refusé d'évoquer les motivations possibles.

Facebook avait déjà bloqué des comptes et Pages douteux venus d'Iran en août dernier : le groupe a donc poursuivi ses investigations ces derniers mois, a aussi expliqué M. Gleicher, qui a aussi indiqué avoir étroitement travaillé avec Twitter sur ce dossier.

Action «coordonnée»

Comme lors de précédents blocages de profils et pages qualifiés d «'inauthentiques» selon la terminologie Facebook, M. Gleicher a rappelé que ces suppressions sont motivées non pas par le contenu des messages mais par le fait que ceux qui ont les ont postés l'ont fait via des faux profils et façon «coordonnée», dans le but de tromper les utilisateurs.

Les activités bloquées jeudi ont été détectées au total dans 26 pays, très souvent avec une importante population musulmane, en Europe, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient mais aussi en Afghanistan et au Pakistan, en Inde et jusqu'en Indonésie, Malaisie et Afrique du sud.

Elles ont été publiées sur Facebook et sa filiale Instagram.  Certaines remontent à 2010.

Quelque 2 millions de comptes suivaient au moins une des pages concernées, 1600 comptes participaient à l'un des groupes et plus de 254 000 comptes suivaient au moins un des comptes Instagram.

Facebook a nettement étoffé ses équipes destinées à supprimer de sa plateforme ce type de comportement après les virulentes critiques que lui ont valu son manque de réactivité face aux manipulations électorales auxquelles s'est livrée la Russie en faveur de Donald Trump en 2016. Il annonce régulièrement des blocages de contenus.  

Le Kremlin a toujours nié une quelconque ingérence dans les élections.

En août, Facebook et Twitter avaient annoncé la fermeture de nombreux comptes suite à la détection de campagnes venues d'Iran et de Russie. Google avait également bloqué des «comptes liés à l'organisation IRIB (Radio-Télévision de la République islamique d'Iran) qui dissimulaient leurs liens» avec ce média.

Parallèlement, jeudi également, Twitter a publié les conclusions de ses investigations sur l'activité de la plateforme pendant les élections législatives américaines de novembre dernier.

Presque 100 millions de tweets sur le sujet ont été postés entre mars et le jour de l'élection.  

Twitter indique avoir identifié un «petit» nombre de tweets (6000) destinés à dissuader les gens d'aller voter.

De plus, «contrairement à 2016, nous avons identifié beaucoup moins de manipulation de la plateforme émanant d'acteurs mal intentionnés situés à l'étranger», ajoutant avoir détecté quelques opérations d'ampleur «limitée» venant potentiellement d'Iran, du Venezuela et de Russie mais a bloqué la plupart des comptes douteux avant le jour du scrutin.