Le réseau social Facebook a mis fin à des opérations de manipulation de grande envergure initiées en Iran et en Russie en fermant des centaines de comptes, suscitant un démenti catégorique de Moscou.

«Certaines de ces activités étaient initiées d'Iran, d'autres de Russie. Il s'agissait de campagnes distinctes et nous n'avons identifié aucun lien ou coordination entre elles», souligne sur son blogue Facebook, à qui il a été vivement reproché, notamment après la campagne électorale de 2016 aux États-Unis, de ne pas faire assez pour lutter contre ce genre d'abus.

Twitter a parallèlement indiqué avoir suspendu 284 comptes engagés, selon la société, dans une «manipulation coordonnée», nombre de ces comptes «provenant apparemment d'Iran».

«Comme pour les précédentes investigations, nous collaborons avec les autres entreprises et les autorités pertinentes», a souligné Twitter.

Pour Facebook, il s'agit de la deuxième opération d'ampleur en moins d'un mois visant à démanteler des tentatives de manipulation: le groupe avait annoncé fin juillet avoir supprimé 32 pages et comptes douteux, qui selon lui relevaient d'une «action coordonnée» à l'approche des élections législatives américaines de novembre.

Les services de renseignements américains ont révélé que des opérateurs russes se sont servis - entre autres - de Facebook pour tenter d'influer sur l'élection qui a mené Donald Trump à la Maison-Blanche. Moscou a toujours réfuté ces accusations.

Les nouvelles accusations de Facebook ne reposent sur «aucun argument», a réagi mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Nous ne comprenons pas sur quoi (les nouvelles accusations) sont fondées et traitons ces annonces en conséquence.»

Téhéran n'avait dans l'immédiat fait aucun commentaire.

«Semer la discorde»

«Nous bannissons ce genre de comportements parce que nous voulons que les gens aient confiance dans les connexions qu'ils font sur Facebook», a souligné le réseau social tout en soulignant l'immensité de la tâche.

«C'est un défi permanent parce que les responsables (de ces activités) sont déterminés et disposent de moyens financiers importants».

Le président de la commission du renseignement du Sénat, Richard Burr, a appelé à une union sacrée, dans un communiqué. L'annonce de Facebook renforce sa conviction que «le but de ces campagnes étrangères sur les réseaux sociaux est de semer la discorde, que la Russie n'est pas le seul acteur étranger hostile à développer ces capacités, et que pour contrer ces menaces il faut que les entreprises, les forces de l'ordre, le Congrès et les services de renseignement travaillent ensemble».

Facebook a été alerté par une entreprise spécialisée dans la cybersécurité de l'existence de pages contrôlées par un groupe dénommé «Liberty Front Press», qui, selon Facebook, est lié «à des médias d'État iraniens» dont notamment Press TV.

Les premiers comptes «Liberty Front Press» ont été créés en 2013 et en 2017 et se sont concentrés sur les États-Unis et le Royaume-Uni sans jamais révéler leur lien avec l'État iranien, affirme Facebook, qui dit avoir partagé ses informations avec les autorités américaines et britanniques.

«Acteurs nocifs»

Facebook a au total clos 652 pages, groupes et comptes «inauthentiques» initiés en Iran qui visaient des gens au Proche-Orient, en Amérique latine, aux États-Unis et au Royaume-Uni sur Facebook et d'autres services en ligne.

Facebook a parallèlement annoncé avoir continué à clore des pages qui peuvent être «liées à des sources, identifiées au préalable par le gouvernement américain comme pilotées par les services de renseignements militaires russes».

Les contenus de ces pages désormais closes concernaient essentiellement l'Ukraine et la Syrie.

Là encore le réseau social a indiqué collaborer pleinement avec la police américaine.

L'annonce de cette nouvelle vague de fermeture de comptes «inauthentiques», qui fait suite à une annonce similaire du groupe de Mark Zuckerberg le 31 juillet, intervient au lendemain de révélations du géant informatique Microsoft sur l'étendue des opérations d'ingérence du gouvernement russe aux États-Unis.

Microsoft accuse des pirates informatiques russes au service du Kremlin d'avoir visé les sites internet de centres de réflexion conservateurs américains.

Pour le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, les compagnies américaines «se font la course pour publier de telles annonces». «C'est comme si elles étaient toutes écrites à partir d'une même copie», a-t-il ajouté.

Si Facebook s'est lancé tous azimuts dans la lutte contre les Fake News et les opérations de désinformation pour ne pas entamer plus avant la confiance des usagers, le groupe reconnaît qu'il existe toujours «une tension entre éliminer rapidement ces acteurs nocifs et améliorer nos défenses sur le long terme».