La collecte des données personnelles des utilisateurs de Facebook par une société étrangère au réseau social et leur utilisation illégale font une formidable publicité à la nouvelle réglementation européenne qui entre en vigueur le 25 mai, a affirmé mercredi Vera Jourova, commissaire à la Justice et à la Protection des consommateurs.

Interrogé mardi par le Congrès américain, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a reconnu que les Européens avaient une bonne réglementation pour la protection des données personnelles. Facebook s'est engagé à «mettre en oeuvre les contrôles et le consentement affirmatif, ainsi que les contrôles spéciaux sur les types de technologies sensibles comme la reconnaissance faciale», a-t-il assuré.

«Merci M. Zuckerberg», a lancé Vera Jourova au cours d'une conférence de presse à Bruxelles. «Je cherchais comment faire campagne pour notre règlement sur la protection des données. Voilà, c'est fait», a-t-elle souligné.

«Pour moi, la façon dont les données des utilisateurs de Facebook a été obtenue par Cambridge Analytica est illégale», a poursuivi la commissaire européenne. L'Union européenne considère la protection des données personnelles comme un droit fondamental.

La société britannique Cambridge Analytica a récupéré à leur insu les données personnelles de près de 90 millions d'utilisateurs de Facebook, dont environ 3 millions de personnes résidant dans l'UE.

Le règlement européen qui entre en vigueur le 25 mai impose un consentement explicite pour l'utilisation des données personnelles et prévoit des sanctions très sévères pour les contrevenants.

Mark Zuckerberg a présenté mardi ses excuses personnelles pour ne pas avoir compris à temps à quel point Facebook pouvait être détourné de bien des façons. Son audition a été très suivie par les autorités européennes qui l'ont invité à venir s'expliquer devant le Parlement européen.

«Enfin, Zuckerberg reconnaît que Facebook doit assumer la responsabilité du contenu et de la protection de la vie privée, principes que j'ai réclamés il y a longtemps», a écrit le président du Parlement européen, le conservateur italien Antonio Tajani, sur son compte Twitter. M. Tajani a formellement invité le patron de Facebook à venir s'expliquer à Bruxelles.

«J'aurai beaucoup de questions à lui poser», a pour sa part déclaré Mme Jourova. «Ce serait bien qu'il vienne», a-t-elle ajouté. La commissaire européenne doit s'entretenir jeudi par téléphone avec Sheryl Sandberg, la directrice générale de Facebook.

Les dirigeants du réseau social ont accepté le principe d'une audition par le Parlement européen, et les discussions portent sur la personne qui sera entendue, a-t-on précisé à l'AFP de source européenne.

Manfred Weber, le président du groupe du PPE (droite), la première force politique de l'hémicycle, exige que ce soit Mark Zuckerberg.

«Il nous doit le respect. Il doit venir s'expliquer devant le Parlement européen comme il va le faire devant le congrès des États-Unis», a-t-il dit lundi à l'AFP.

«M. Zuckerberg ne doit pas sous-estimer la capacité du Parlement européen de décider des actions contre Facebook et contre lui en tant que patron de Facebook», a-t-il averti.