Un groupe de 50 opposants, blogueurs et défenseurs des droits de l'homme au Vietnam ont écrit une lettre ouverte à Mark Zuckerberg accusant Facebook de collusion avec le régime autoritaire vietnamien dans sa chasse aux voix discordantes.

La lettre, envoyée lundi soir, déplore une hausse des «suspensions de comptes et de suppressions de contenus» depuis 2017.

Facebook, contacté par l'AFP, n'était pas joignable dans un premier temps pour répondre à ces accusations.

En avril 2017, le régime communiste vietnamien avait annoncé que Facebook avait accepté de retirer des contenus violant la législation locale, dont des fausses informations et des comptes sous de faux noms, mais sans mention explicite de contenus anti-régime.

«Il semble qu'après cet accord de coordination avec un gouvernement connu pour empêcher l'expression en ligne et pour jeter en prison les militants, la suspension de comptes n'a fait qu'augmenter», poursuivent les 50 signataires.

Plusieurs comptes Facebook ont notamment été fermés lors d'un important procès de dissidents à Hanoï la semaine dernière, accusent les militants.

Le dissident Le Van Son, signataire de la lettre, a expliqué mardi à l'AFP que sa page Facebook était fréquemment censurée et qu'elle avait été temporairement fermée la semaine dernière après qu'il a exprimé son soutien envers les six dissidents jugés.

«Mon compte Facebook reflète mes opinions et me permet de parler de la démocratie, de la liberté de la presse et d'expression au Vietnam», explique Le Van Son.

«Je n'ai jamais violé les règles en postant des photos indélicates, des fausses informations ou en écrivant des grossièretés humiliantes», insiste-t-il.

Le Vietnam s'est doté l'an dernier d'un département fort de 10 000 employés, sous l'égide de l'armée, destiné à traquer les «vues fausses» sur les réseaux sociaux.

Les opposants accusent cette unité de noyer leurs pages de commentaires pro-gouvernementaux et de les harceler en ligne.

Contrairement à la Chine, le Vietnam n'a pas mis en place de système de «firewall» pour bloquer l'accès aux réseaux sociaux, mais Facebook est parfois inaccessible, en cas de manifestation ou de procès de dissident.

«Nous vous appelons à reconsidérer les pratiques agressives de votre compagnie, qui pourraient réduire au silence des défenseurs des droits de l'homme et des journalistes citoyens au Vietnam», insistent les signataires de la lettre.

Facebook compte des dizaines de millions d'utilisateurs au Vietnam, qui figure dans la liste des dix plus gros utilisateurs de Facebook.

Le réseau social est particulièrement populaire auprès des dissidents, dans ce pays sans médias indépendants où les blogues d'opposition sont régulièrement fermés.

Le Vietnam fait partie des dix pays touchés par le scandale Cambridge Analytica - avec plus de 420 000 données d'utilisateurs qui auraient été partagées avec la compagnie britannique selon Facebook.