Les États-Unis ont prévenu lundi l'Allemagne que leur coopération serait revue si Berlin décidait de développer son infrastructure 5G avec des groupes chinois comme Huawei, bête noire des Américains, sur fond de crainte d'espionnage.

Le Wall Street Journal indique que l'ambassadeur des États-Unis à Berlin Richard Grenell, un proche du président Donald Trump, a adressé une lettre au ministre de l'Économie Peter Altmaier, homme de confiance de la chancelière Angela Merkel, pour lui signifier que la coopération en matière de renseignement allait être revue si Berlin ne bannissait pas les entreprises chinoises comme Huawei dans le domaine de la 5G.

Interrogée par l'AFP, l'ambassade américaine n'a pas souhaité confirmer le contenu exact de la lettre, mais a formulé une menace assez similaire.  

« Si des acteurs non dignes de confiance se retrouvent dans les réseaux d'un allié, cela pourrait soulever, à l'avenir, des questions concernant l'intégrité et la confidentialité de communications sensibles entre un tel pays et ses alliés », a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ambassade.

« Cela pourrait à l'avenir représenter une menace pour une bonne coopération et certains partages d'informations » avec les États-Unis, a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Économie allemand a pour sa part confirmé avoir reçu cette missive. « Nous ne pouvons pas prendre position sur son contenu », a-t-il indiqué à l'AFP, ajoutant : « nous (y) répondrons rapidement ».

L'Allemagne veut rattraper un retard important dans le numérique en ne ratant pas le virage vers la 5G, l'internet ultrarapide qui doit permettre le développement de technologies futuristes, comme l'intelligence artificielle, les véhicules autonomes ou les usines automatisées.

Dans ce domaine, le groupe Huawei est considéré comme plus performant et plus innovant que ses concurrents. Mais Washington craint que Pékin s'en serve comme d'un cheval de Troie pour espionner les communications des pays qui utiliseraient des équipements chinois dans son réseau 5G.

Berlin se prépare, selon des médias allemands, à durcir sa législation pour se prémunir des risques de surveillance de ses réseaux ou de pillage industriel. La chancelière allemande a appelé en février à l'instauration de « garde-fous » en la matière.

L'Allemagne est une des cibles favorites de Donald Trump qui lui reproche pêle-mêle ses excédents commerciaux, la faiblesse de ses dépenses militaires, son accueil des réfugiés ou encore ses approvisionnements en gaz auprès de la Russie.