Le géant chinois des télécoms Huawei espère renforcer en 2018 sa position de principal aspirant sur le marché européen face à Samsung et Apple, avec un tout nouveau téléphone intelligent haut de gamme résolument axé sur l'image et l'intelligence artificielle.

Après des présentations à Londres et Barcelone dans le passé, c'est à Paris que le groupe chinois a lancé mardi son P20 et son grand frère le 20 Pro. Un signe de l'importance de l'Union européenne pour le constructeur de Shenzhen, qui ambitionne de devenir numéro un mondial devant Samsung et Apple.

Le pari est envisageable, selon Thomas Husson, vice-président et analyste du cabinet Forrester: il estime que «Huawei est désormais en position de défier Samsung et Apple» avec son nouvel appareil.

Le groupe doit cependant «relever le défi marketing, il lui reste un long chemin à parcourir pour activer sa marque dans les différents pays» européens, a-t-il ajouté.

Car malgré une amélioration de son image de marque au cours des cinq dernières années, Huawei est encore très en retard face à ses principaux concurrents, dans un marché qui ralentit et qui a même connu son premier trimestre de baisse fin 2017.

Certes au niveau européen le groupe chinois peut revendiquer environ 11% de part de marché, selon le cabinet Gartner, légèrement plus qu'au niveau mondial où il frôle les 10%. Mais il reste encore très loin d'Apple et Samsung, qui sont respectivement autour de 25% et 30% sur le continent.

«Ils disposent d'une position solide en Europe, mais la volonté d'être numéro un reste très ambitieuse, compte tenu du retard», juge Annette Zimmermann, vice-présidente recherche pour le cabinet Gartner.

Concurrencé en Chine, freiné aux États-Unis

Malgré une progression de plus de 13% de ses ventes et plus de 150 millions d'unités écoulées en 2017, Huawei est en effet confronté à d'importants obstacles.

Sur son marché domestique, mais également les autres marchés émergents, il subit en effet la concurrence d'autres fabricants chinois comme OPPO, Xiaomi, Vivo... Et il peine à s'établir aux États-Unis, où le passé d'officier de l'armée populaire chinoise de son fondateur est vu comme un signe de proximité avec les services de renseignements chinois.

En début d'année, Huawei avait ainsi vu les opérateurs américains AT&T et Verizon, puis le principal distributeur électronique du pays, BestBuy, renoncer à proposer ses téléphones intelligents, tandis que certains députés américains souhaiteraient lui interdire purement et simplement par la loi d'accéder aux États-Unis.

Ceci rend le marché européen d'autant plus stratégique pour le groupe de Shenzhen.

«Avec leur nouvel appareil, ils peuvent envisager de prendre des parts de marché aux plus petits fabricants, sans doute également aux deux premiers, ce qui devrait leur permettre de consolider leur troisième position au niveau mondial», selon Mme Zimmermann.

Afin de séduire les consommateurs, le constructeur chinois a fait le choix de téléphones intelligents avec de grands écrans, quasi bord à bord, équipés, pour le P20 Pro, d'une mémoire jusqu'ici jamais vue sur ce type d'appareil, et d'un capteur photo qui peut monter jusque 40 mégapixels mis au point en partenariat avec le groupe allemand Leica. Autant d'éléments grâce auxquels il espère concurrencer, voire devancer, les appareils de ses concurrents.

Mais c'est avant tout sur l'intelligence artificielle embarquée que Huawei compte pour emporter la mise, afin d'améliorer les performances de l'appareil et le confort d'usage, mais également pour la reconnaissance d'image et la qualité des photos.

«En augmentant son triple capteur photo Leica avec de l'intelligence artificielle, Huawei place la barre haut en termes d'innovation photographique sur les téléphones intelligents», convient M. Husson.

Les Huawei P20 et P20 Pro sont disponibles à des tarifs compris entre 649 euros  et 899 euros (1035$ et 1430$), selon les informations ayant filtré avant la présentation.