De plus en plus concurrencée par les connexions sans fil chez les mélomanes nomades, la vénérable prise jack, près de 150 ans au compteur, vient de prendre un nouveau coup de boutoir avec la décision d'Apple de la faire définitivement disparaître de son nouvel iPhone 7.

«Nous savons d'expérience que les innovations apportées par Apple, aussi petites soient-elles, sont en général reprises par le reste du secteur. Les autres constructeurs devraient suivre, ne serait-ce que pour ne pas paraître en retard», note Imran Choudhary, expert du secteur du cabinet d'étude Technology GfK.

Un abandon qui pourrait signer la fin d'une prise emblématique, pourtant largement popularisée par le secteur des télécoms.

La fin de la prise jack semblait pourtant loin d'être acquise, tant sa présence s'est généralisée au fil du temps: téléviseurs, chaînes haute-fidélité, accoudoirs d'avions, ordinateurs, tablettes, on peut trouver des dizaines de milliards de «jack» (qui veut dire tout simplement «prise» en anglais) partout dans le monde.

Et «le jack» est tout sauf un anonyme dans la téléphonie. C'est même grâce à cette dernière qu'il s'est imposé comme une connexion de choix, simple et rapide, dans l'univers de la diffusion du son, dès la fin du XIXe siècle avec la généralisation du téléphone fixe aux États-Unis.

À l'époque, il fallait en passer par une opératrice afin d'obtenir la communication souhaitée, et la prise jack servait à relier deux lignes dans un central téléphonique.

«C'est vrai que c'est un connecteur qui a de l'âge, qui nous vient des téléphones Bell. Mais qui est devenu un produit grand public car il est plus robuste et plus pratique que ce qui existait par ailleurs», rappelle ainsi l'ingénieur du son français, Dominique Blanc-Francard.

Une généralisation due au Walkman

Sa généralisation comme connectique de référence, la prise jack la doit, dans sa version mini, à l'avènement du Walkman en 1979 qui lui a fait découvrir les joies du nomadisme, ainsi que l'usage de masse.

Mais depuis quelques années, le développement des produits sans fil s'est en particulier concentré sur les périphériques de son, casques, oreillettes et enceintes, qui prennent une place toujours plus importante dans les rayons des distributeurs face aux équipements filaires.

Car le jack ne fait plus recette auprès du grand public, qui lui reprochent bien souvent sa fragilité.

Si les puristes insistent sur le fait qu'aucune technologie sans fil ne permet une aussi bonne diffusion du son qu'un câble, le grand public semble être prêt à faire le choix de la simplicité au détriment de la qualité.

«Pour le consommateur moyen, qui est déjà habitué au son compressé et donc déjà dégradé, cela ne changera pas grand-chose. Pourtant le sans-fil impose un son mono dans 80% des cas, alors que la qualité des enregistrements augmente», constate M. Blanc-Francard.

Reste que si l'abandon de la prise jack pourrait à terme concerner l'ensemble de l'industrie du smartphone, jusqu'ici bloquée dans sa course à l'affinement du fait de la présence de la prise jack, l'industrie musicale ne semble pas nécessairement prête à lui tourner le dos.

L'inventeur du Walkman en particulier, Sony, a décidé d'intégrer un jack normal, plutôt qu'un mini-jack comme c'est désormais la norme, sur ses derniers Walkman haut de gamme, afin de garantir un son haute résolution.

Cela n'empêche pourtant pas le groupe japonais de faire quelques infidélités à la célèbre prise, en intégrant également du sans-fil haut de gamme, pour s'assurer la encore d'un son haute résolution.

Un choix qui ne choque pas Dominique Blanc-Francard, à condition que les convertisseurs qui permettent de transformer le signal sonore des appareils équipés de Bluetooth soient de bonne qualité.

Et pour les mélomanes, plus de drame lorsque les casques ne fonctionneront plus à cause du mauvais état du câble.