Les appareils mobiles, téléphones intelligents, et autres tablettes contiennent autant voire plus de données personnelles sensibles que nos ordinateurs de bureau, et les pirates de tous bords l'ont bien compris, il faut donc toujours trouver de nouveaux moyens de se protéger.

Il y a dix ans, à l'heure des premiers virus mobiles, les SMS surtaxés et les vers causaient quelques problèmes, mais c'était sans commune mesure avec les dégâts qu'on peut occasionner sur des téléphones intelligents qui permettent d'aller sur internet, de payer des achats et qui détiennent souvent des informations qu'on ne veut pas voir tomber entre toutes les mains.

«Pour les pirates, c'est un business. Avec le déclin du PC, ils regardent comment ils peuvent faire de l'argent avec les téléphones intelligents et les tablettes», explique Con Mallon, directeur du management des produits mobiles chez Symantec, au Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone.

Pour lui, les attaques sur les mobiles sont du même type que celles qui touchent les ordinateurs fixes, «c'est juste le contexte qui est nouveau».

Le développement des applications que chacun télécharge librement a ainsi ouvert une large porte aux pirates de tous bords: il leur suffit de copier les applications les plus populaires et d'attendre que les mobinautes tombent tout seul dans le piège en donnant eux-mêmes leurs informations personnelles.

Le système d'exploitation de Google, Android, caractérisé par sa plate-forme ouverte qui permet à n'importe quel développeur de créer sa propre application, est victime de son succès avec une explosion des logiciels malveillants cachés derrière des applications en apparence bien innocentes.

La société de sécurité informatique Symantec a ainsi constaté une multiplication par quatre du nombre de virus entre juin 2012 (32 000) et juin 2013 (273 000) dans les applications Android.

Les fabricants d'antivirus n'ont bien sûr qu'un conseil: munissez vos mobiles d'antivirus comme vous l'avez fait sur vos ordinateurs personnels, mais le message a du mal à passer, et à peine plus de la moitié des téléphones intelligents en sont dotés, selon Symantec.

L'équipementier télécoms NSN a d'ailleurs bien compris cette problématique puisqu'il propose carrément à ses clients opérateurs de sécuriser directement les téléphones intelligents de leurs abonnés.

La solution «mobile guard» observe via le réseau la liste de signatures de virus et le comportement du trafic. Cela lui permet de détecter de manière plus rapide les virus, même si leur signature a changé, et d'envoyer un correctif sur le téléphone intelligent .

Mais au-delà de la criminalité, les révélations d'Edward Snowden sur les écoutes de l'Agence américaine de sécurité (NSA) ont fait prendre conscience aux responsables politiques comme aux dirigeants d'entreprises des enjeux de sécuriser toutes leurs communications.

Les téléphones intelligents contiennent en effet des systèmes de géolocalisation, micro, GPS et caméras, et ils peuvent aujourd'hui permettre d'espionner leur propriétaire de façon «particulièrement intrusive», souligne Axelle Apvrille, chercheuse dans le domaine des antivirus sur mobile chez Fortinet.

Du coup, de plus en plus d'entreprises se lancent sur le créneau des téléphones sécurisés.

Les sociétés partenaires Geekphone (Espagne) et Silent Circle (États-Unis) ont aussi présenté à Barcelone un téléphone mobile sécurisé, le Blackphone.

«Nous n'avons jamais revendiqué de proposer un appareil à l'épreuve de la NSA. Ce serait peut-être téméraire. Mais l'outil que nous proposons fait une énorme différence pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'utiliser des outils préservant la confidentialité. Et le processus est toujours en cours. Le facteur Snowden nous aide à accélérer ce processus, mais cela ne change pas le but que nous nous étions assigné au départ», a expliqué le président de Silent Circle, Phil Zimmermann. Beaucoup de gouvernements cherchent à avoir leur propre solution.

La solution française Uhuru, qui sortira début avril, permettra par exemple de sécuriser les flottes de téléphones de ses clients entreprises, ministères ou administrations en enlevant la surcouche logicielle des téléphones Android et tout ce qui concerne le géant américain Google pour le remplacer par son propre système d'exploitation et crypter les communications.

«La majorité des attaques sont des SMS surtaxés, récupération de la géolocalisation, prise de photos ou enregistrement de conversations depuis un téléphone intelligent.C'est plus rare car c'est ciblé, mais c'est techniquement possible», assure Jérôme Notin, chef de file du projet d'antivirus français Davfi.