NEC, pionnier japonais du monde des télécommunications cellulaires, a annoncé mercredi l'abandon pur et simple des smartphones, une activité qu'il ne parvient plus à rentabiliser à cause de la concurrence étrangère d'Apple et Samsung.

«À partir d'aujourd'hui, NEC met fin au développement, à la fabrication et à la vente de téléphones intelligents autres que les modèles déjà sur le marché. NEC continuera toutefois de fournir des services de maintenance et de soutien pour ses appareils existants», a expliqué le groupe dans un communiqué.

NEC perd de l'argent à cause des frais de conception de ces téléphones portables de plus en plus évolués.

Ses difficultés ne sont pas nouvelles: bien qu'il fut un temps le plus important fabricant nippon de mobiles, il avait déjà dû regrouper ses activités afférentes avec celles de ses compatriotes Casio et Hitachi dans le but de réaliser des économies.

Mais l'ensemble est confronté au Japon à un marché qui s'est ouvert aux concurrents extérieurs (Apple, Samsung), lesquels ont avalé d'importantes parts de marché ces deux dernières années sur le créneau des smartphones au détriment des encore nombreuses marques locales (Sharp, Fujitsu, Sony, Panasonic, Toshiba, Kyocera, etc.).

Le populaire iPhone d'Apple proposé par les deux opérateurs SoftBank et KDDI a certes mis un peu de temps à séduire les Nippons, mais il est désormais en tête des ventes, d'autant qu'il est bradé.

La migration très rapide vers les téléphones intelligents reposant sur des systèmes d'exploitation étrangers (iOS d'Apple, Android de Google) a retiré aux acteurs japonais l'avance et les avantages dont ils jouissaient auparavant.

La situation est d'autant plus délicate pour NEC que son principal client, le premier opérateur nippon, NTT Docomo (plus de 60 millions d'abonnés), a décidé de privilégier les téléphones intelligents de Sony et Samsung (ses «2 Top») pour contrer les offensives de ses rivaux SoftBank et KDDI qui proposent l'iPhone.

Du coup, le marché nippon des mobiles, autrefois monopolisé par les groupes japonais, a radicalement changé et, sauf à fournir de gros volumes, cette activité coûteuse est extrêmement difficile à rentabiliser.

D'autres ont déjà renoncé

NEC, qui est pourtant l'un des groupes qui a le plus contribué à faire évoluer les simples téléphones pour communications vocales vers des appareils multifonctionnels et multimédia, ne compte plus guère que 5% de parts de marché dans son pays. Ailleurs, il est carrément absent. Il dit ne pas entrevoir d'amélioration possible de ses performances dans le futur.

Avant de renoncer, NEC avait lancé des discussions avec le groupe chinois Lenovo auquel il s'est déjà associé pour les PC. Mais ces négociations auraient achoppé sur le partage des tâches et investissements entre les deux protagonistes.

Presque paradoxalement, NEC va en revanche poursuivre le développement et la production de téléphones mobiles classiques (à clavier numérique traditionnel) et de tablettes.

Les salariés en surnombre dans l'activité des mobiles qui sera réduite à la portion congrue devraient être reclassés ailleurs dans le groupe.

L'impact sur les résultats de l'abandon des téléphones intelligents «est en cours d'examen», a précisé NEC qui a achevé dans le rouge le premier trimestre de l'exercice entamé le 1er avril dernier.

Avant NEC, plusieurs autres groupes avaient jeté l'éponge, dont Mitsubishi Electric et Sanyo. Car si les Japonais sont champions pour fournir tous les composants qui entrent dans ces téléphones intelligents (à commencer par les écrans de modèles d'Apple et Samsung), ils n'ont jamais réussi à se faire une place parmi les grands acteurs mondiaux du secteur, à l'exception de Sony, et encore.

Pourtant, jusqu'à récemment encore, presque tous les mobiles achetés au Japon étaient de marque nippone: et pour cause, les fabricants locaux étaient les seuls à accepter de quasiment gommer leur logo au profit de celui de l'opérateur pour lequel ils fabriquaient des mobiles quasi sur-mesure.

Aujourd'hui, Samsung et LG s'adaptent davantage aux desiderata de NTT Docomo, SoftBank et KDDI. Quant à Apple, les opérateurs se sont battus pour avoir ses iPhone sans que rien ne soit modifié.

Et les clients ont suivi, quitte à se passer des caractéristiques pourtant basiques au Japon (réception TV, porte-monnaie électronique, étanchéité).