Rêvant de casser le duopole d'Apple et de Google sur le marché des téléphones intelligents, de nouvelles plateformes mobiles sont en train de se lancer, avec notamment dans leur viseur les importants marchés émergents.

Les systèmes d'exploitation iOS (pour l'iPhone d'Apple) et Android (développé par Google et utilisé par de nombreux fabricants dont le numéro un mondial Samsung) faisaient fonctionner 91,1% des téléphones intelligents vendus dans le monde l'an dernier, selon le cabinet de recherche IDC.

«Il y a un consensus sur le fait qu'il y a de la place pour quelques systèmes d'exploitation supplémentaires. Peut-être pas mondialement, mais sur certains marchés qui pourraient servir de test», estime Ramon Llamas, un des analystes d'IDC.

Au-delà des petits concurrents actuels Blackberry et Windows Phone (Microsoft), qui représentent à peine quelques pourcents du marché, de nouvelles plateformes sont annoncées sur des téléphones intelligents devant sortir cette année.

Firefox OS, un logiciel développé comme le moteur de recherche homonyme par la fondation Mozilla, est l'une d'entre elles.

Mozilla dit avoir déjà convaincu 17 opérateurs et a indiqué le mois dernier que «la première vague d'appareils sous Firefox OS sera disponible pour les consommateurs au Brésil, en Colombie, en Hongrie, au Mexique, au Monténégro, en Pologne, en Serbie, en Espagne et au Venezuela».

Le fabricant chinois ZTE a été le premier à annoncer un téléphone utilisant Firefox OS, précisant qu'il se positionnerait sur l'entrée de gamme et viserait surtout les jeunes, ou les pays émergents.

Ces derniers sont aujourd'hui le principal relais de croissance dans le secteur mobile, les marchés des pays développés commençant à être saturés.

Les analystes surveillent par ailleurs de près les agissements de Samsung, pour l'instant porte-étendard d'Android dont il représente environ 40% des ventes.

Le groupe sud-coréen travaille sur des téléphones utilisant un autre système d'exploitation, Tizen, également soutenu par des opérateurs comme le français Orange ou le japonais NTT DoCoMo, le fabricant de téléphones chinois Huawei ou le leader mondial des microprocesseurs Intel.

Pour certains observateurs, Samsung pourrait avec Tizen ne pas viser seulement le bas de gamme, mais l'utiliser pour s'affranchir de Google et Android.

«Tous les signes pointent vers le fait que Samsung essaye de déclencher une grande évasion au niveau du système d'exploitation d'ici un an ou deux», estime ainsi Aapo Markkanen, un analyste du cabinet ABI Research, dans un blogue.

Pour lui, Tizen «aura un coup de fouet au départ avec le portefeuille de logiciels et de services que Samsung a accumulés», ainsi que grâce au «budget marketing gargantuesque» du groupe sud-coréen.

Le défi majeur pour toute nouvelle plateforme sera de convaincre les développeurs d'applications afin de pouvoir créer un écosystème semblable à ceux qui fondent aujourd'hui le succès d'Android ou Apple.

Même un acteur puissant comme Samsung pourrait avoir du mal à concurrencer l'app store d'Apple ou Google Play, préviennent certains experts.

Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies, s'interroge ainsi «sur la motivation de Samsung» avec Tizen, disant n'être pas certain de la rationalité d'une éventuelle rupture avec Android. Pour lui, «créer un écosystème entier, et le faire alors qu'il y a deux acteurs déjà établis, est une proposition plutôt incertaine».

Ramon Llamas prévient d'ailleurs que l'implantation d'une nouvelle plateforme «n'arrivera pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour sa gestation, son acceptation et l'évangélisation (du public). Et le choix des marchés sera important».