Les «LOL», «MDR» et émoticônes envoyées à toute allure sont en fête aujourd'hui. C'est un développeur de logiciels originaire de l'Angleterre qui a transmis le premier texto de l'histoire de l'humanité, il y a 20 ans, révolutionnant ainsi le monde des communications.

Le 3 décembre 1992 est une journée à jamais gravée dans la mémoire de Neil Papworth. Employé de la société Sema, à Newbury, à l'ouest de Londres, le jeune homme de 22 ans avait une mission bien particulière ce soir-là: envoyer le premier message texte.

«Je travaillais depuis un an et demi avec un groupe qui concevait un logiciel pour envoyer des messages, a expliqué Neil Papworth dans une entrevue accordée à La Presse. Nous le testions depuis quelque temps et il était enfin temps d'envoyer un mot à quelqu'un du monde extérieur, qui n'était pas dans notre laboratoire.»

Son patron, président de Vodafone, était à l'autre bout de la ville, à la fête de Noël de l'entreprise. Le jeune développeur de logiciels a pris son courage à deux mains et a saisi son clavier.

«J'étais dans un vieux bureau, dans une salle avec de grosses machines, pleine d'ordinateurs et de ventilateurs qui faisaient toutes sortes de bruits», a-t-il raconté.

Il a alors tapé deux mots: «Merry Christmas» (Joyeux Noël). «Quoi d'autre envoyer à quelqu'un qui est à une fête de Noël?» a-t-il lancé en riant.

Quelques minutes plus tard, Neil Papworth a appris que son message était arrivé à bon port. La fierté qu'il a ressentie en cette soirée de décembre 1992 est encore aujourd'hui inégalée.

«Je suis très heureux de ce que j'ai accompli à l'époque. C'est un simple message, mais je suis content d'être celui qui l'a envoyé, a ajouté le père de trois enfants. J'ai été l'initiateur de ce phénomène, qui est très à la mode aujourd'hui.»

Au cours des dernières années, les textos ont révolutionné les interactions sociales. En effet, en 2011, les Canadiens se sont échangé environ 78 milliards de messages textes, selon les chiffres de l'Association canadienne des télécommunications sans fil. Il s'agit d'une hausse de près de 40% par rapport à 2010, alors que 54,6 milliards de messages avaient été envoyés.

Neil Papworth savait-il, au moment de taper son message, qu'il était sur le point de réinventer la manière de communiquer?

«On me compare souvent à Neil Armstrong, et je dis toujours que je n'ai pas eu à m'asseoir sur 300 tonnes de roche, mais plutôt derrière un bureau, a-t-il précisé. Mais je ne diminue pas mon travail. À l'époque, je disais à mes amis que je travaillais sur des messages textes et ils me regardaient avec un regard vide. Ils n'avaient aucune idée de ce dont je parlais.»

Jusqu'à l'année dernière, Neil Papworth est resté au service de Sema. Il a déménagé à Toronto en 2000 et a suivi l'entreprise à Montréal, en septembre 2002. Aujourd'hui, il travaille comme développeur de logiciels pour Tekelec, une firme montréalaise de télécommunications.

«Vingt ans plus tard, c'est bien de voir qu'on n'a pas oublié cet exploit. En tout cas, c'est écrit dans mon curriculum vitae, parce que je ne veux pas qu'on l'oublie!»