Des applications qui téléchargent le carnet d'adresses à l'insu des utilisateurs et un fureteur web qui épie les moindres gestes de ses internautes. Si vous pensez à Microsoft ou à Research In Motion (RIM), vous avez tout faux: il s'agit de deux failles de sécurité qui concernent plutôt l'iPhone, emblématique téléphone intelligent d'Apple.

Des failles qui, la semaine dernière, ont fait réagir vivement les gouverneurs de Californie et de Caroline-du-Nord, où Apple a ses bureaux. Tous deux ont incité Tim Cook, PDG d'Apple, à revoir la politique entourant l'utilisation par des tiers des données contenues sur les iPhone. «Apple doit mieux protéger l'information des propriétaires d'iPhone, ainsi que celle de leurs contacts», soutiennent-ils.

Les investisseurs, eux, sont demeurés indifférents. Contrairement à RIM, qui a payé cher pour des craintes liées à la sécurité de son BlackBerry, l'an dernier, Apple est un chouchou incontesté de la Bourse. Les rumeurs d'une troisième génération de la populaire tablette iPad sont plus séduisantes que les détails techniques liés à la sécurité de l'internet mobile...

Les analystes relativisent donc l'importance de cette nouvelle. «Les conditions de travail chez ses fournisseurs chinois ont eu plus d'impact sur l'action d'Apple que la sécurité de ses logiciels. Un appareil informatique sans faille, ça n'existe pas. La sécurité est un processus évolutif, pas une fin en soi», explique Amit Kaminer, du Seaboard Group, à Toronto.

Preuve de cette évolution: Apple introduira sous peu des correctifs afin d'empêcher à l'avenir l'exploitation de ses deux failles.

Des failles majeures

Du point de vue de la vie privée, ces failles sont néanmoins majeures: la première permet aux éditeurs d'applications mobiles de télécharger tout le contenu du carnet d'adresses du téléphone, puis de l'utiliser à leur guise. Elle a été découverte par l'entremise de l'application Path, qui favorise le partage de photos et de messages entre amis, et qui utilise le carnet d'adresses de ses usagers afin de recommander des gens avec qui partager ce contenu.

La seconde a permis à Google de suivre à la trace les internautes surfant sur la Toile à partir de leur iPhone, malgré le fait qu'Apple n'autorise pas une telle collecte d'information sur ses appareils.

«En utilisant une faille du logiciel de l'iPhone, Google a contourné la politique d'Apple, car ça lui permettait de mieux cibler les internautes avec sa publicité. Google pouvait ainsi ajuster le contenu de ses publicités en se basant sur la nature des sites web visités précédemment», explique Frédéric Brunel, directeur de la technologie pour la société WhereCloud, spécialisée dans les applications pour iPhone.

Quant à Path, M. Brunel admet que ce n'est pas un cas isolé. «C'est la même chose pour les téléphones Android et pour des sites comme Facebook. Récupérer le carnet d'adresses permet de mieux mettre les gens en contact entre eux.»

Le développeur montréalais se demande pourquoi Apple n'avertissait pas les utilisateurs de cette pratique, alors qu'il le fait lorsqu'une application désire obtenir leur situation géographique. «Qu'est-ce qui est le plus confidentiel? La région où on se trouve ou les gens qu'on connaît ainsi que leurs coordonnées?»

Apple répondra avec une mise à jour les traitant également: une fenêtre surgira à l'écran de l'iPhone dans les deux cas. Ce sera au propriétaire de l'iPhone de décider s'il souhaite confier toute cette information à un tiers ou s'il préfère la garder pour lui.

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