Les Canadiens adoptent massivement les téléphones intelligents et raffolent d'Internet sans fil. Un engouement coûteux, alors que les factures au Canada sont parmi les plus élevées au monde et que les entreprises de télécommunications américaines abandonnent tour à tour leurs forfaits alléchants... et imitent le Canada.

Les adeptes des téléphones intelligents le répètent sur toutes les tribunes depuis 2007 : le Canada traîne sérieusement la patte en matière de forfaits données, devenus populaires avec la prolifération des téléphones intelligents.

En 2007, lors du lancement aux États-Unis du premier iPhone, le Canada offrait parmi les pires forfaits au monde. Le coût d'un bloc de 500 mégaoctets coûtait alors 28 fois plus cher qu'aux États-Unis.

Depuis, le pays s'est ressaisi. Les réseaux à débit rapide comme le 3G ont connu une forte expansion. Les prix ont baissé, et le nombre de modèles de téléphones intelligents sur le marché a explosé. D'après une étude de la firme Quorus réalisée pour l'Association canadienne des télécommunications sans fil, le tiers des utilisateurs de sans-fil possèdent un téléphone intelligent. Cette proportion grimpe à 48 % chez les individus de 18 à 34 ans. Pas moins de 37 % des utilisateurs sont abonnés à un forfait de transmission de données.

Moins dispendieux en Europe

Mais le Canada continue de faire piètre figure au chapitre des prix consentis aux consommateurs. «On paie plus cher qu'ailleurs, plus cher qu'aux États-Unis et plus cher qu'en Europe, où il y a beaucoup plus de compétition», soutient Anthony Hémond, avocat et spécialiste des technologies de la communication à l'Union des consommateurs.

Selon des données recueillies par la Bank of America, le Canada est l'endroit où la facture du téléphone cellulaire est la plus exorbitante parmi une liste de 28 pays développés. À la fin 2010, les Canadiens dépensaient en moyenne 55 $ par mois pour leur téléphonie cellulaire, contre 49 $ aux États-Unis, 32 $ au Royaume-Uni et seulement 12 $ au Mexique. Une étude réalisée par la New America Foundation - présidée par l'ancien pdg de Google Eric Schmidt - arrive à la même conclusion. Dans toutes les catégories étudiées (voix, données, messages texte), le Canada se retrouve systématiquement dans le peloton de tête avec ses forfaits coûteux.

Les Canadiens ont longtemps envié les Américains. Vers la fin des années 2000, les télécoms au sud de la frontière offraient des forfaits alléchants avec données illimitées. Or, les joueurs majeurs de l'industrie abandonnent tour à tour cet accès illimité. Devant la pression exercée sur les réseaux mobiles, ils n'ont d'autre choix que de restreindre les forfaits. Moins de données, plus de contraintes, plus de pénalités : le modèle des américains Verizon et AT&T rejoint graduellement celui des canadiens Rogers, Bell et TELUS.

Appétit insatiable pour Internet

L'industrie des communications sans fil assure que le Canada est parmi les leaders mondiaux pour le prix de ses forfaits cellulaires, et que les factures élevées assumées par les consommateurs résultent de leur appétit insatiable pour Internet mobile.

«On a quatre études récentes qui disent que le Canada a le plus grand nombre d'utilisateurs de téléphones intelligents. On est toujours dans le top en matière d'adoption des téléphones intelligents. Les fournisseurs de service continuent de fracasser des records d'activation de téléphones de ce genre», indique Marc Choma, directeur des communications pour l'Association canadienne des télécommunications sans fil.

Les Canadiens grugent sans hésiter la bande passante des fournisseurs. «On a plus de réseaux rapides du style HSPA [accès par paquets haut débit] que n'importe quel autre pays sur la planète à l'heure actuelle, assure M. Choma. Les Canadiens veulent Internet, peu importe où ils se trouvent. On est aussi parmi les plus gros utilisateurs d'Internet au monde. On est au top.»

Le prix des forfaits cellulaires reflète ces habitudes de consommation, estime l'industrie. «Dans la dernière étude de l'OCDE, tu constates que les Canadiens sont des utilisateurs intensifs. Encore plus qu'aux États-Unis. On s'en sort bien sur le plan international, en raison de notre usage.»

«Les données de l'OCDE ont souvent désavantagé le Canada parce qu'elles reflétaient la consommation des pays européens, ajoute le directeur des communications. Mais Industrie Canada est intervenu, et les critères ont été mis à jour. Depuis, les Nord-Américains et les Canadiens s'en sortent très bien dans les palmarès.»