Qu'est-ce qui fait un bon téléphone en 2011? Les mêmes choses qu'en 2009, mais en version améliorée. C'est pourquoi le Xperia Play, le fameux PlayStation Phone de Sony Ericsson, est un appareil dernier cri... d'il y a deux ans.

Le Xperia Play n'est pas à proprement parler une nouveauté. Rogers le détaille au Canada depuis quelques semaines déjà, à un prix variant de 100 à 550 dollars selon la durée de l'entente contractée avec l'acheteur.

À ce prix, on hérite d'un téléphone intelligent au premier coup d'oeil minimaliste, doté d'un écran tactile de 4 pouces sur lequel s'affiche plutôt bien Android 2.3 Gingerbread, en raison d'un processeur Snapdragon, de Qualcomm, cadencé à 1 GHz. Un capteur photo/vidéo de 5 mégapixels de qualité très ordinaire, ainsi que les ports de connexion sans fil habituels (WiFi, Bluetooth et GPS) sont aussi de mise.

Autrement dit, rien pour écrire à sa mère, même pas sous la forme concise d'un message texte : cet appareil n'a rien de bien différent, ni même de supérieur, à tout autre appareil Android sur le marché.

Jusqu'à ce qu'on rabatte l'écran, révélant le contrôleur pour jeu vidéo de l'appareil, ressemblant dans sa forme générale au contrôleur d'une console PlayStation : pavé directionnel à gauche, losange de boutons à droite et deux gâchettes supérieures, à l'arrière de l'écran.

Là, on se dit qu'on a frappé dans le mille : enfin un téléphone convertible en une console dédiée au seul et unique plaisir de piloter une voiture de course, de tirer dans le tas ou de bondir au-delà des murets et des zombies typiques d'un jeu vidéo plus costaud que ce qu'on trouve d'habitude sur les téléphones Android.

Après tout, balancer des oisillons rondelets sur des porcelets cabotins protégés par des blocs de différents matériaux, à un moment donné, ça fait son temps.

Expérience de jeu décevante

Quand on pivote l'écran et qu'on dévoile le contrôleur, l'application de jeu se charge automatiquement à l'écran. Surgit alors l'icône des différents jeux installés sur l'appareil. Certifié par PlayStation, le Xperia Play n'a toutefois pas droit à un accès au PSN (ce qui, vu l'actualité des dernières semaines, est presque une bonne chose).

Il faut donc se rabattre sur les jeux préinstallés, ou racheter, et surtout, télécharger, ses favoris. Le hic, c'est que même les jeux préinstallés doivent, en réalité, être d'abord téléchargés. Ça peut prendre du temps, surtout quand on sort le téléphone de la boîte la première fois, et que tout ce qu'on souhaite, c'est de lancer la machine pour voir ce qu'elle a dans le ventre.

Les jeux préinstallés sont assez classiques : d'Asphalt 6 à Star Battalion, en passant par Bruce Lee Dragon Warriors, on fait rapidement le tour du jardin. Les commandes ne sont pas aussi fluides qu'on le souhaiterait, en revanche, pour rehausser l'expérience de jeu au niveau d'une console de poche.

C'est probablement ce qui est le plus dommage : non seulement faut-il débourser pour retélécharger des jeux qu'on possède ailleurs, mais le Xperia Play est loin de recréer le plaisir de jouer d'une PSP. C'est ce qui donne l'impression que Sony Ericsson a abusé de précautions, n'osant pas révolutionner son propre marché du jeu mobile.

Si Sony veut réellement nous faire croire qu'elle peut concevoir un téléphone capable de s'immiscer plus loin dans le marché des consoles portatives, il lui faudra faire beaucoup mieux. Mince consolation, l'appareil ne coûte pas cher, ce qui le positionne plutôt bien par rapport à ses rivaux Android moins agiles en matière de jeu vidéo.