Payer un achat dans un magasin, prendre le métro et collectionner facilement les points fidélité en plaçant son portable devant un capteur sera bientôt possible grâce à de nouveaux téléphones équipés de la technologie du «sans contact».

Les services «sans contact mobile» utilisent une technologie radio à très courte portée, la NFC, qui permet le transfert de données sans fil et à une distance de quelques centimètres, nécessitant un émetteur et un récepteur.

Les téléphones intégrant la technologie NFC (Near Field Communication) vont permettre de payer dans les transports en commun ou gérer ses points de fidélité dans les magasins sans collectionner les cartes.

Le geste remplace l'interface utilisateur, sans avoir besoin d'ouvrir l'application correspondante sur le mobile.

La technologie du «sans contact» existe depuis de nombreuses années dans les cartes de transport en commun, de contrôle d'accès ou même pour les cartes de paiement, notamment aux États-Unis. Mais jusqu'ici, à part quelques exemples en Asie, personne n'avait franchi le pas pour l'intégrer au téléphone mobile.

«C'est le problème de la poule et de l'oeuf», explique Philippe Martineau, vice-président d'Inside secure, fabricant de puces NFC sécurisées: les opérateurs disaient qu'ils ne pouvaient pas distribuer de téléphones sans services, tandis que les fournisseurs de services se plaignaient de ne pas disposer de terminaux équipés.

Finalement, «ce sont les fabricants qui ont trouvé un intérêt à la technologie» et ont «pris le pari» de se lancer, affirme-t-il.

Samsung a ainsi participé au test grandeur nature mené à Nice, dans le sud-est de la France, et lance maintenant le Samsung Galaxy S II.

Google a pris position avec son Nexus S, lancé fin 2010, et le co-PDG de RIM (BlackBerry), Jim Balsillie, a confirmé les efforts de la société sur cette technologie lors du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone.

Quant à Nokia et Apple, ils sont eux aussi déjà dans la course.

«Le NFC est la troisième révolution mobile, après la voix et l'internet mobile», soutient le directeur de la stratégie terminaux d'Orange, Christophe Mathey.

Il y avait un «problème de masse critique pour s'engager vis-à-vis des fabricants», pour qui la norme NFC entraîne un surcoût, assure M. Mathey.

Les opérateurs ont donc pris le relais: aux États-Unis, trois des principaux opérateurs, Verizon Wireless, AT&T Mobility et T-Mobile USA, ont formé un partenariat pour promouvoir le paiement par mobile, basé sur la norme NFC, «Isis venture».

Une semaine avant le salon de Barcelone, les trois grands opérateurs français se sont engagés à en distribuer un million d'ici fin 2011.

Pour M. Martineau, «50 millions» de téléphones équipés seront distribués dans le monde d'ici fin 2011. Après il restera «beaucoup de travail» pour créer les usages qui vont avec.

Pour Matt Ablott, analyste chez Wireless Intelligence, malgré le standard que représente le NFC, la guerre commerciale que se livrent les géants de l'informatique rend «hautement improbable» que l'iPhone sous NFC «soit compatible avec le NFC de "Gingerbread" la nouvelle plateforme Android» de l'Américain Google.

Par ailleurs, l'utilisation du NFC comme moyen de paiement «nécessitera de substantiels engagements de la part du commerce et des institutions financières», qui devront s'équiper de terminaux spéciaux et changer leur manière de travailler.

Malgré les efforts à fournir pour changer de «business-models», le patron des solutions mobiles de la banque Citibank, Tomasz Smilowicz, est convaincu que les banques en tireront suffisamment d'intérêt pour que «cela devienne lors des prochaines années un véritable succès mondial».