Le lancement des nouveaux services sans-fil de Vidéotron, filiale de Quebecor Media, ne suffira pas pour éviter au Canada le titre de pays où la facture moyenne de sans-fil est la plus élevée au monde.  Pis, la guerre des prix tant attendue dans le marché de la téléphonie sans fil n'aura finalement pas lieu, constate un analyste spécialisé dans ce secteur.

C'était pourtant l'objectif prioritaire du gouvernement du Canada, lorsqu'il a mis aux enchères une nouvelle bande de fréquences sans fil, il y a quelques années : faire naître une guerre des prix qui aurait profité au consommateur dès le premier jour. L'arrivée de nouveaux fournisseurs régionaux un peu partout au pays, de Vidéotron à Wind Mobile, a eu l'effet d'un pétard mouillé.

De 2008 à 2010, le montant de la facture mensuelle moyenne des clients du secteur du sans-fil n'a pratiquement pas bougé. Le Canada est même le pays où la facture mensuelle de sans-fil est la plus élevée au monde, selon une étude publiée fin août par la firme Bank of America-Merrill Lynch.

Au premier trimestre 2010, la facture moyenne y était d'environ 52 $ par mois, plus du double de pays comme l'Allemagne, et plus du triple par rapport au Brésil ou la Russie. L'étude a observé le revenu moyen par client des principaux fournisseurs de services sans fil d'une cinquantaine de pays. Ces revenus comprennent à la fois le service vocal, les options traditionnelles, comme la messagerie vocale, ainsi que les services numériques, tel l'accès à Internet mobile.

Les chiffres publiés par le CRTC en 2008 faisaient état de revenus moyens de 53 $ par mois au Canada, contre 26 $ en Allemagne et 45 $ aux États-Unis.

Investissement étranger et nouvelles fréquences

«L'investissement dans l'infrastructure explique pourquoi le prix des services sans fil demeure élevé au Canada, constate Me Anthony Hémond, analyste du secteur des télécommunications pour l'Union des consommateurs. Au Québec, le prix des services du nouveau réseau de Vidéotron n'est réellement compétitif que si le client est aussi abonné à ses trois autres services (télé, Internet, téléphonie résidentielle).»

Bref, pas de guerre de prix au Québec, ni au Canada. Compte tenu de l'investissement exigé des nouveaux joueurs, continue l'analyste, ce serait plutôt aux opérateurs virtuels, des sociétés telles Virgin Mobile, de lancer cette guerre des prix. Les opérateurs virtuels louent du temps d'antenne d'un ou l'autre des grands fournisseurs déjà en place. Ils n'ont pas à amortir d'investissement et peuvent offrir des taris moins élevés.

En Allemagne, notamment, les opérateurs virtuels comptent pour environ le quart du marché total, ils contribuent à faire baisser le prix des communications sans fil.

Pas au Canada, semble-t-il. «C'est d'ailleurs là où une réglementation gouvernementale pourrait jouer à la faveur du consommateur», conclut Me Hémond. L'ouverture des frontières des télécommunications à l'investissement étranger, ainsi que la mise aux enchères d'une nouvelle bande de fréquences, celles bientôt laissées vacantes par la fin de la télévision analogique, sont deux autres leviers potentiels pour réduire le prix de la facture mensuelle de sans-fil au pays, selon l'Union des consommateurs.