Gadget extrêmement polyvalent (certains diront même omnipotent), le iPhone d'Apple est en train de devenir un incontournable chez les médecins. Sur le iTunes Store, les applications spécialisées en santé se comptent maintenant par centaines, et sont téléchargées par millions.

Lors d'une visite à l'hôpital Notre-Dame, de Montréal, Cyberpresse a pu constater que bon nombre de médecins ont dans leur poche un de ces gadgets, bourré de mini-applications médicales. « On s'en sert surtout pour la prescription de médicaments et pour les références », indique le Dr Tudor Costachescu, du CHUM.

« Autrefois, il fallait obligatoirement consulter de volumineuses publications médicales lorsqu'on était confronté à une maladie qu'on connaît moins. Aujourd'hui, on a accès à cette information dans le creux de notre poche. Et les connaissances médicales qui s'y trouvent sont plus à jour. Avec un livre, à cause de la mécanique d'édition traditionnelle, l'information qu'on lit peut être vieille de cinq ans. D'ici 10  ou 15 ans, ces gros livres médicaux risquent de disparaître», croit le Dr Costachescu.

D'autres mini-applications permettent de calculer, en quelques clics, des formules médicales complexes qui tiennent compte, par exemple, de la tension artérielle, de la pression atmosphérique et d'autres variables.

Gigantesque, ce marché des applications médicales n'est cependant pas apparu du jour au lendemain. « Il y a quelques années, les médecins se servaient d'assistants personnels Ipaq et d'autres assistants numériques semblables, mais les problèmes de connectivité faisaient en sorte que les médecins décrochaient. Pour ce genre d'application, il faut que ça marche du premier coup. Les médecins n'ont pas le luxe de perdre cinq ou dix minutes pour régler un problème technique semblable », explique Yves Marmet, président de ZoomMed. Son entreprise, située à Brossard, a développé une plateforme de prescription de médicaments en ligne, accessible sur toutes les marques de téléphones intelligents. Simple d'utilisation malgré la complexité relative de l'infrastructure qui le supporte, le système de ZoomMed permet, par exemple, à un médecin de rédiger grâce à son téléphone intelligent une prescription de médicaments et de l'imprimer en un seul clic sur une mini-imprimante sans fil. En cas d'interaction dangereuse entre deux médicaments, le médecin est immédiatement alerté par le système de prescription automatisé.

À l'heure actuelle, quelque 1700 médecins québécois utilisent les services de ZoomMed, et complètent environ 300 000 prescriptions électroniques par mois. Et ZoomMed espère gagner la faveur d'un nombre encore plus grand de médecins : l'entreprise est actuellement en démarche pour obtenir l'homologation qui lui permettra de faire affaire sur le marché américain. « Dans son Stimulus Package (le plan de sortie de crise écronomique), le gouvernement Obama a annoncé des subventions très importantes pour l'informatisation du système de santé. Il y a des subvention importantes qui sont données aux médecins précisément pour ça », indique M. Marmet.

« Aux États-Unis, 7000 personnes meurent chaque année à cause de prescription illisibles ou erronées, souligne M. Marmet. Au Canada, c'est dix fois moins. Mais avec notre système, nous pensons que nous pourrons réduire de beaucoup le nombre de ces cas malheureux. »