Les transferts d'argent par SMS ont le vent en poupe en Afrique australe et orientale à tel point que les banques et opérateurs de téléphonie cherchent aujourd'hui à capter la manne provenant des clients sans compte en banque en diversifiant leurs services.

Des millions d'Ougandais, de Sud-Africains, de Kenyans et de Rwandais utilisent un téléphone portable pour envoyer de l'argent, le plus souvent à des proches vivant dans des régions rurales reculées, selon des chiffres compilés par l'AFP.Lancé en mars 2009, le service «MobileMoney» de l'opérateur de téléphonie ougandais MTN Uganda a permis à 890 000 clients d'effectuer 11,8 millions de transactions d'une valeur de 195 millions de dollars, a annoncé le groupe lundi.

«MobileMoney est l'un des services de transfert d'argent ayant la croissance la plus rapide au monde», a assuré à l'AFP le responsable du programme, Richard Mwami.

MTN, qui s'est implanté au Rwanda en février et espère avoir deux millions de clients d'ici fin 2010 sur le continent, veut maintenant étendre son offre au micro-crédit, autre formule économique en plein boom.

Pour rembourser ses traites, «le client doit normalement prendre le bus pour aller payer. Ce ne sera plus nécessaire», souligne-t-il.

«Il y a des opportunités dans ce secteur» de clients sans compte en banque, «qui constituent la base de la pyramide», explique M. Mwami en soulignant que les usagers de ces services ont peu de ressources et n'ont donc pas les moyens pratiques ni financiers d'avoir un compte en banque.

Un facteur qui explique aussi le succès de l'opérateur Safaricom, au Kenya. Lancé il y a deux ans, son programme de transfert d'argent et de paiement par téléphone portable est passé de 52 000 usagers en avril 2007 à 9,7 millions d'usagers en avril 2009.

«Beaucoup de gens ont accès à la technologie du téléphone portable, mais pas à un compte en banque classique», rappelle Franco Gresse, gestionnaire du service eWallet de la banque sud-africaine FNB.

Quelque 130 000 dollars sont envoyés chaque jour par les usagers de ce service, en grande partie vers leurs familles restées à la campagne.

FNB s'appuie sur son réseau de 4300 distributeurs de billets en Afrique du sud. L'argent est envoyé vers un détenteur de téléphone, qui, en tapant son numéro sur le distributeur, peut retirer la somme sans utiliser ni carte ni code secret.

Au Kenya et en Ouganda, où quelque 60% des sommes sont envoyées vers les zones rurales, les infrastructures bancaires sont moins développées et la distribution se fait par le biais des petits commerces.

Convaincre les petits commerçants de remettre de l'argent sur la base d'un SMS a d'abord été très difficile, reconnaît Richard Mwami, mais une fois leurs réticences vaincues, il a pu être mis en place «dans chaque petit recoin» de l'Ouganda.

«Une fois qu'on a réussi à convaincre (nos vendeurs de cartes prépayées), on a pu se lancer», se souvient-il.

Les opérateurs de téléphonie perçoivent des frais pour chaque opération: 30 shilling kenyans  pour Safaricom, et des frais similaires chez MTN. Le service de FNB deviendra payant en juillet, où deux rands seront demandés par envoi.

Avec l'engouement, la concurrence aussi augmente. Outre le micro-crédit, qui tente nombre d'opérateurs, Safaricom étudie également la possibilité de régler les primes d'assurance par SMS.