Les ventes décevantes de la nouvelle gamme de téléphone Pre, sortie l'an dernier, ont conduit le groupe Palm, qui fut le pionnier des assistants numériques, à lancer un avertissement sur résultats qui fait s'interroger sur l'avenir du groupe.

L'action du groupe s'est brutalement effondrée jeudi, perdant 34,5% sur l'ensemble de la semaine (à 6,09 dollars): Palm a annoncé que ses ventes du trimestre plafonneraient entre 300 et 320 millions de dollars, --Wall Street attendait plus de 420 millions--, et qu'il ne tiendrait pas son objectif d'un chiffre d'affaires annuel compris entre 1,6 et 1,8 milliard de dollars.

Pour l'analyste indépendant Carmi Levy, Palm paraît «à court de possibilités».

«Il est difficile de voir comment cette société va pouvoir se relancer, alors que (ses dirigeants) n'arrêtent pas de nous dire: +le prochain coup va nous sauver... le prochain appareil... le prochain opérateur+, et qu'ils échouent à tenir leurs promesses», explique M. Levy à l'AFP.

Et pourtant. En janvier 2009 les investisseurs s'étaient enthousiasmés lorsque Palm avait présenté son nouveau téléphone portable, le Pre: le titre avait bondi de 35% à la vue de ce «smartphone», jugé l'un des rares à pouvoir rivaliser avec l'iPhone d'Apple grâce à un nouveau système d'exploitation (WebOS) très performant pour l'Internet mobile.

Mais cet appareil, planche de salut d'une société dont les assistants numériques n'ont plus de raison d'être depuis l'invasion des téléphones multifonctions, est parti avec plusieurs handicaps: débarquant en magasins en juin seulement, deux ans après l'iPhone, et alors que le Canadien Research in Motion (RIM) et son BlackBerry avaient déjà réussi à déborder de leur clientèle d'affaires traditionnelle, le Pre était distribué par un opérateur téléphonique américain en perte de vitesse, Sprint.

Il a fallu attendre la fin de l'année pour qu'il débarque chez un opérateur américain bien plus puissant, Verizon, et sorte des frontières américaines.

Aujourd'hui, le PDG de Palm, Jon Rubinstein, débauché de chez Apple où on lui prête la paternité de l'iPod, explique à ses employés que Verizon Wireless «a reconnu que le lancement avait été insuffisant» et a pris «un nouvel engagement» pour améliorer les ventes, selon un mémo interne paru dans <i>La Presse</i>.

Chez Morgan Stanley, l'analyste Ehud Gelblum ne conteste pas l'excuse avancée par M. Rubinstein - mais il voudrait plus de clarté sur la stratégie.

«Nous continuons à croire que la société aurait pu mieux s'en tirer si ses produits avaient été mieux vendus par ses partenaires, surtout Verizon, ce qui nous mène au sujet principal: que va décider l'équipe de direction pour monétiser ses actifs, c'est à dire quel est le plan B?», demande M. Gelblum.

Pour M. Levy, l'issue est toute trouvée: riche de ses brevets et de ses cerveaux, Palm devrait pouvoir se faire racheter. L'analyste indépendant avance déjà que RIM serait un candidat idéal à la reprise.

Douglas McIntyre évoque quand à lui le géant américain Microsoft et le finlandais Nokia comme repreneurs potentiels.

Mais certains refusent d'écrire si vite l'acte de décès de Palm.

Chez Standard and Poor's, James Moorman souligne que Palm vend encore «un bon nombre d'appareils». «Il y a encore un potentiel de forte croissance». «Si on a 3 ou 4 opérateurs», et si Palm «obtient de gros opérateurs étrangers (...) cela peut rapidement changer les perspectives de la société», assure-t-il.

Le Pre et son petit frère Pixi sont attendus chez SFR en France en mars.